La scolarisation hors du système ordinaire d’enseignement pour tous ceux qui se trouvaient en situation de handicap commença à être mise en cause à partir de 1959 au Danemark. La législation danoise a inclus le concept de «normalisation» entendu comme la possibilité donnée au déficient mental de développer un type de vie autant que faire se peut (Bank-Mikkelsen, 1969). Cette mise en question s’étendit par la suite à toute l’Europe et à l’Amérique du nord (Jiménez, 1997). Sa généralisation dans le milieu éducatif va susciter «la substitution des pratiques ségrégatives par des pratiques et des expériences intégratives» (Jiménez, 1997:25), initiant ainsi le mouvement de l’intégration scolaire et la désinstitutionalisation des alors appelés «handicapés». Pour Wolfensberger (1972), «l’intégration est l’opposé de la ségrégation, le processus d’intégration se réalise dans les pratiques et dans les mesures qui maximisent (potentialisent) la participation des personnes dans des activités communes (mainstream) à leurs cultures.» 16 La national association of retarded citizens (E.U.A.) définit l’intégration scolaire comme «l’offre de services éducatifs que se mettent en pratique moyennant la mise à disposition d’une variété d’alternatives d’enseignement et de classes qui sont adéquates au plan éducatif, pour chaque élève, permettant l’intégration institutionnelle, temporelle et sociale maximale, entre les élèves handicapés et non-handicapés durant la journée scolaire normale». 17 Sanz del Rio (1985), citant Kaufman, entend l’intégration scolaire comme «une intégration temporelle, instructive et sociale d’enfants différents avec leurs compagnons normaux, fondée sur une planification éducative et sur un processus programmateur évolutif et individuellement déterminé.» 18
Selon Soder (1981) il existaient quatre degrés d’intégration: physique (partage des espaces), fonctionnel (utilisation des mêmes espaces et ressources), social (intégration dans la classe normale) et communautaire (poursuite de l’intégration dans la jeunesse et la vie adulte).
Au niveau européen, les pays nordiques furent ceux qui se distinguèrent le plus dans cette modalité d’accueil des enfants et des jeunes avec des besoins éducatifs spéciaux, à côté de l’Italie qui, dans les années 70, ferma les écoles d’enseignement spécial et conduisit tous ses enfants et jeunes à l’école régulière. Le Portugal adhéra partiellement, dès lors que les écoles spéciales continuèrent à fonctionner au côté de l’intégration de la majorité 19 de ces élèves dans les classes d’enseignement régulier.
L’intégration scolaire retira les enfants et les jeunes en situation de handicap, des institutions d’enseignement spécial, en défense de leur normalisation, ce qui leurs permit de profiter de nouveaux partenaires de vie, de nouveaux espaces de convivialité, de socialisation et d’apprentissage (l’école régulière). Les pratiques pédagogiques furent aussi transférées des institutions d’enseignement spécial vers l’école régulière, dans un versant plus éducatif, configurées dans un programme éducatif individuel, en accord avec les caractéristiques de l’élève, dessiné et développé, essentiellement, par l’enseignant d’éducation spéciale.
Cité par Niza (1996:142).
Cité par Jiménez (1997:29).
Cité par Jiménez (1997:29).
En 2002-2003, 94% des élèves avec des besoins éducatifs spéciaux se trouvaient dans le système régulier d’enseignement (Observatoire des appuis éducatifs, Ministère de l’éducation).