(i) Le travail coopératif

Parler sur l’apprentissage coopératif c’est nous reporter à John Dewey (1916), quand il écrivit Democracy an éducation et à ses continuateurs, desquels se détache Herbert Thelen. C’est aussi se rappeler Célestin Freinet qui, dans la première moitié du XXème siècle, développa un travail très important, en créant la coopérative [scolaire, l’organisation coopérative de la classe], le travail coopératif avec ses élèves. L’«incitation coopérative, la tâche coopérative» (Slavin, 1984, cité par Arends, 1995) et l’hétérogénéité du groupe sont les grands ingrédients de l’apprentissage coopératif, lequel permet de lancer des ponts vers le futur, comme l’affirme Vygotsky (1986:7): «ce que l’enfant peut faire aujourd’hui en coopération, il sera capable demain de le faire seul.»

Avec le travail coopératif, de la compétition on passe à la coopération, en privilégiant la stimulation du groupe à la place de la stimulation individuelle, on augmente la performance scolaire, l’interaction des élèves et les compétences sociales. L’organisation du travail en petits groupes, avec la co-responsabilisation de tous ses éléments et avec la diversité des tâches et des matériels utilisés, peut permettre de construire le climat favorable au développement de l’égalité des chances pour tous et pour chacun dans le groupe.

Confrontés à la diversité des publics et, en sachant que cohabiter dans le même espace physique avec la multiculturalité ou avec le handicap, n’élimine pas, pour soi, les préjugés et les stéréotypes, il est nécessaire de développer des stratégies qui vont promouvoir une interaction positive, responsabilisante et dynamique.

Quand les divers éléments du groupe dépendent les uns des autres pour la réussite finale, tous font des efforts pour une bonne performance, en promouvant la coopération et la collaboration, en appliquant la maxime «il ne peut y avoir de réussite sans les autres». En promouvant l’apprentissage coopératif et la progressive autonomisation des élèves, il reste plus de temps au professeur pour donner de meilleures réponses à ceux qui en ont besoin, mais le professeur aura besoin certainement de dépenser plus d’effort et plus de temps pour la planification et pour lancer le travail en classe.

Au Portugal, les principes pédagogiques défendus par Freinet ont été largement développés par le Mouvement de l’École Moderne, où on peut trouver d’excellents exemples de bonnes pratiques coopératives.

Un enseignant de soutien éducatif disait: «mais, se je n’ai pas de formation pour ceci, comment je pourrai aller travailler avec le professeur de la classe?» Il ne pensait pas, c’est sûr, à l’esprit de la coopération, qui est de partager la responsabilité, le savoir, l’ignorance, les peurs, la recherche d’autres savoirs, la réussite et l’échec avec les pairs. Il faut de l’humilité face aux problèmes, pour que nous puissions tenter de les résoudre avec les autres et non, comme cela arrive très souvent, contre les autres ou même en les écrasant.