(iii) L’apprentissage avec les pairs.

L’interaction sociale comme facteur de développement cognitif fut étudiée dans les années 70, sous l’influence de Piaget, mais la prise en considération des travaux de Vygotsky (1962, 1978, 1985) et des théories dans les quelles ils sont placés va introduire une dimension plus large au phénomène d’interaction, en considérant que l’interaction avec les pairs plus compétents promeut non seulement de nouveaux apprentissages, mais aussi le développement. C’est aussi lui qui a introduit le concept «zone de développement prochain» [ZPD] en le définissant ainsi:

C’est la distance entre le niveau réel de développement, tel qu’il fut déterminé par une résolution indépendante du problème, et le niveau de développement potentiel, tel qu’il fut déterminé par la résolution du problème sous la direction d’un adulté ou en collaboration avec des pairs plus capables de le résoudre. (Vygotsky 1978:26)

Tandis que Piaget entendait que le développement humain soit «une aventure solitaire» (Bruner, 1984:96), que l’enfant devait découvrir les choses tout seul, Vygotsky (1962:96) voit la croissance comme une «responsabilité collective» qui s’exerce dans le contexte social.

César (1998, 2000) affirme que des études plus récentes révélèrent que la potentialité des interactions entre pairs va bien au-delà de ce qu’a prévu Vygotsky, car les potentialités éducatives se vérifient quand les dyades sont symétriques et quand elles sont asymétriques, et que le progrès arrive dans la pair la plus compétente et dans la pair la moins compétente et, plus, que les conquêtes ne sont pas seulement du domaine cognitif, mais aussi dans la socialisation, dans la modification des attitudes académiques ainsi que dans le domaine des affects (César, 2003).

L’apprentissage avec les pairs, bien conduit se révèle une stratégie quasi indispensable dans une école qui se veut l’école de tous et pour tous, où tous puissent apprendre avec des instruments qui s’y trouvent, où tous doivent pouvoir aller le plus loin possible, en utilisant son profil d’apprentissage qui peut être égal ou différent des autres élèves et même de l’enseignant.