3.4. Des professeurs des «enfants anormaux» aux professeurs de soutien éducatif : bref encadrement de leur formation, au Portugal

C’est au XIXe siècle (1801), avec Itard, que l’on peut considérer qu’ait eu lieu la première tentative scientifique d’élever un jeune en situation de handicap, Victor, le Sauvage de l’Aveyron (Lemay & Capul, 2003) ; de sorte que c’est ici que l’on peut situer le début de l’éducation spéciale et, en conséquence, la naissance de l’enseignant d’éducation spéciale.

Au Portugal, en 1913, la création par l’éminent pédagogue António Aurélio da Costa Ferreira du «Cursus normal» permet d’avancer d’un grand pas vers la spécialisation des professeurs (Costa, 1981).

La spécialisation de professeurs commence à gagner une plus grande représentativité à partir des années 40 et retombe essentiellement sur les domaines de la déficience intellectuelle, auditive et visuelle. Ainsi surgissent les professeurs d’enseignement d’anormaux (1941), de sourds-muets (1952) et d’enfants porteurs de handicaps visuels (1966). Ces désignations évoluent en accord avec les tendances sociales, politiques et éducatives. Il est possible d’élaborer, comme le prétendent démontrer les tableaux qui suivent, la perspective de l’évolution des concepts, comportements et pratiques, relatifs aux minorités en situation de handicap, en ayant comme point de départ les plans d’études des cursus de préparation/ spécialisation pour les enseignants de cette tranche de la population, réalisés sous la tutelle du Ministère des affaires sociales, de la Casa Pia de Lisbonne, du Ministère de l’instruction publique et, plus tard, du Ministère de l’éducation.

La lecture de ces tableaux ne peut pas être réalisée comme si les concepts commençaient et terminaient de la façon dont le tableau le présente. Tandis que certains concepts durent, d’autres surgissent et introduisent de nouveaux élans sans que les précédents aient été éliminés. Regardons le premier exemple: en 1942, le cursus autorisé l’année précédente commence à fonctionner et continuera à le faire jusqu’en 1962. Ce sont vingt ans riches en changements sociaux: la fin de la guerre et le dévouement à l’éducation, dans toute l’Europe; cependant le cursus, selon les documents existants, ne souffre aucune modification. C’est le point de vue médical qui domine l’enseignement des «anormaux» et qui prescrit l’action pédagogique, la «méthode médico-pédagogique» commencée par Edouard Séguin, au XIXe siècle, «part de ce qui est connu et de ce qui est possible, même pour qui a beau être au plus bas de l’échelle des fonctions, pour le mener progressivement et sans fautes à ce qui est connu et possible» (Séguin, 1843). Ainsi l’action pédagogique «représente une «thérapie» de l’anomalie de l’individu, ayant pour but de la réduire ou de l’éliminer, afin de rendre l’individu utile au milieu dans lequel il s’insère» (Sanches, 1995: 50).