Enseignants de l’enseignement des Anormaux

Depuis très tôt, l’Institut qui portera plus tard le nom de son fondateur, António Aurélio da Costa Ferreira, s’est soucié du destin et de l’éducation des enfants marqués par la différence physique et mentale. C’est pourquoi, à partir de 1941, il s’est révélé être un pionner quant à la formation des professeurs qui enseignent cette tranche de la population. Le premier cursus, marqué par l’idéologie en vigueur en termes sociaux, politiques et éducatifs, surgit, sous la responsabilité du Ministère de l’éducation nationale. Le tableau suivant essaye d’exposer sa caractérisation, en résumé.

Tableau 13 – Enseignants de l’enseignement des anormaux, années 40
Années Terminologie adoptée Concepts
dominants
Conceptions pédagogiques
dominantes
Contexte social, politique et éducatif Profils et objectifs de formation Institut de formation
Années 40 -Enseignants de l’enseignement des anormaux
(Décret 31801, du 26 Décembre 1941) 113
-Enfants retardés
-Enfants anormaux
-Classe spéciale
-Classe des fous
-Ségrégation
-Psychologie des anormaux
-Abordage médico-pédagogique
-action pédagogique=«thérapie »
-Techniques de récupération/rééducation
-Accent mis sur l’anomalie de l’individu
-Compensation de la déficience de l’élève
-Pédagogie d’anormaux
-Perspective behavioriste
-2nde Guerre Mondiale
-Ségrégation/ élimination de minorités
-Nazisme en Europe
-Fascisme au Portugal
-Suppression de l’investissement en éducation (Portugal)
-Profil prédéfini d’après le handicap 114
-Destin : instituts pour handicapés ; classes spéciales  auprès des écoles primaires (création en 1946 – Décret 35801, du 3 Août 1946) 115
-IAACF 116

La catégorisation, d’après les critères médicaux, et la ségrégation dominent. Toutefois, il faut souligner qu’en 1946, quelques uns de ces enfants (les «anormaux») sont élevés dans des classes spéciales qui fonctionnent dans les écoles de l’enseignement régulier. Toutefois, ces classes se trouvent complètement à part, les pauses (récréations) sont faites à des horaires différents pour que les «anormaux» ne puissent pas nuire aux autres, les élèves «normaux». L’emploie du temps est plus court que celui des autres élèves et l’enseignement se centralise sur des « programmes de stimulation des sens et du domaine moteur, de la lecture/écriture et du calcul » (Sanches, 1995: 75).

On peut néanmoins entrevoir ici un effort (pas tout à fait réussi) pour enseigner tous les élèves dans un même espace : l’école régulière.

Le handicap définit l’individu et c’est à partir de cette anomalie que l’intervention va être pensée, ce qui mène à une action pédagogique qui ressemble à une thérapie où la répétition a une place privilégiée et où les réponses sont «pareilles» pour tous ceux qui souffrent du même handicap. L’intervention reçoit cependant des réponses considérables, dénouées des contextes et des individus qui vont être objet de l’action.

Notes
113.

Ce cursus fonctionne entre 1942 et 1962; annuel; 21 cursus ont été réalisés.

114.

Sim-Sim (1995).

115.

Cette création officielle est, en soi, le résultat d’une pratique commencée pendant l’année scolaire 1914/ 15, avec la création à la Casa Pia de la “classe des fous” (Afonso, 2001).

116.

Institut António Aurélio da Costa Ferreira (IAACF).