4.3. De la recherche sur les pratiques à la formation des enseignants

Les pratiques des enseignants comme objet d’analyse (relatées ou visionnées) peuvent être un point de départ pour une meilleure formation, si elles sont accompagnées par un chercheur qui aura le rôle de jeter des ponts entre les connaissances que la recherche a produites sur les pratiques. Ainsi nous trouvons dans ce cas les méthodes introduites par Vermersch, (1993) et Clot (1999). Altet (1996) insiste aussi sur la contribution que l’analyse des pratiques peut apporter à l’explicitation et à la formalisation des savoirs sur ces pratiques mêmes, au travers de la confrontation des expériences et de la construction d’instruments pour la recherche, dans un processus articulé d’action/formation/recherche. Le chercheur, en tant que formateur, exerce un rôle de facilitateur de l’expression sur les pratiques, de guide pour l’analyse et de médiateur lors de la confrontation des points de vue sur les pratiques analysées (Bru, 2002).

Poser l’analyse des pratiques des enseignants (ce qu’il fait, ce qu’il peut faire, ce qu’il aimerait faire, ce qu’il ne peut pas faire) comme point central de leur formation peut être une forme de rénovation des processus de formation, jusqu’à ce jour très préoccupés avec les grands courants pédagogiques, les méthodes et les techniques d’enseignement.

Les études développées, ayant comme focus les pratiques manifestées par les enseignants, en les caractérisant et en les comprenant, pourront offrir un large éventail de possibilités de configuration [design] d’un modèle de formation d’enseignants qui soit plus opportun, plus pertinent et plus efficace, dans la mesure où les diverses composantes relatives à l’enseignant, à l’élève et au contexte s’articulent dynamiquement et interagissent (Sanches, 1995). Comme tous les processus de recherche et de formation, celui-ci a ses limites: du côté des enseignants, la verbalisation des processus n’est pas superposable à ces mêmes pratiques; du côté des chercheurs, il faut considérer la distance entre les pratiques et l’intelligibilité de celles-ci ou la connaissance que l’on peut en extraire.