Partie 2. La problématisation et la recherche sur le terrain

Tout point de vue est la vue d’un point. Pour comprendre comment quelqu’un lit, il est nécessaire de savoir comment sont ses yeux et quelle est sa vision du monde.
(Boff, 2002:9 140 )

La problématisation et la recherche obéissent à une stratégie, un mode opératoire qui fait toute la différence. Les résultats du processus d’investigation ne sont pas indépendants des méthodes de travail utilisées. La méthode de travail est, selon Quivy et Campenhoudt (1998: 15), « un parcours global de l’esprit qui exige d’être réinventé pour chaque travail », pour nous rendre capable de comprendre les phénomènes qui nous interpellent au jour le jour.

Pour que la manière de procéder soit considérée comme scientifique, selon ces mêmes auteurs, elle doit comporter trois actes : (i) la rupture avec les préjugés et les fausses évidences qui nous donnent seulement l’illusion de l’intelligence des choses, (ii) la construction de propositions explicatives du phénomène à étudier et (iii) la vérification au travers des faits (expérimentation).

Le fait d’avoir appartenu à l’univers de l’étude en question et le fait que, dans ce moment, mon travail professionnel 141 soit celui vers lequel se dirige la recherche, me placent dans une posture où mon regard est porté simultanément du dedans et du dehors. Delà il ressort que, d’une part, « tel le poisson que ne parvient pas à voir l’eau dans laquelle il nage 142  » la difficulté a priori à réaliser les ruptures requises pour la construction du phénomène à étudier, mais aussi, d’autre part, la facilité à entrer dans le champ et à pouvoir accéder à l’information qu’un autre mode aurait rendu plus difficile.

La découverte des signes d’inclusivité dans les pratiques des enseignants de soutien éducatif se révèle être une tâche ardue. En effet elle requiert d’entrer dans le champ de l’intimité de l’enseignant, et donne à voir la relation de complicité avec les élèves substantiellement différente de celle qui se développe dans l’enseignement ordinaire 143 .

L’objectivité à laquelle on prétend dans tout travail scientifique, dans ce sens la recherche qualitative fait fortement appel à la contextualisation précise du phénomène, ne laisse pas percevoir, parfois, un petit geste, un intonation de voix qui font que l’interprétation de l’expression écrite prendrait un sens complètement différent si nous avions la possibilité de la replacer dans cette information gestuelle ou prosodique. Dans le champ des relations humaines, parfois, le comment on dit ou on fait est plus important que ce qui est proprement dit ou fait.

Ainsi, nous courons le risque de ne pas accéder à ce qui est réellement important, ici à ce qui est latent dans les mots, ressortant juste ce que permettent d’exprimer une application rigoureuse de l’analyse de contenu ou celle des méthodes quantitatives. Ayant conscience de cette réalité et des avantages offerts par une application rigoureuse des méthodes et des techniques de recherche, pour faire émerger la substance du discours et prenant comme référence Quivy e Campenhoudt (1998) 144 , nous avons relevé les aspects suivants qui se présentent pour expliciter les modes opératoires de tout le processus.

Notes
140.

Boff, L. (2002). A águia e a galinha (39ª edição). Petrópolis:Vozes.

141.

Je suis co-coordinatrice de la Pós-graduação et de la Formation spécialisée en éducation spéciale.

142.

Adaptation d’un proverbe chinois.

143.

Ce fut une expérience que me marqua et dont je me souviens aujourd’hui encore: en 1982, je suis sortie du système de l’éducation spéciale pour l’enseignement ordinaire et j’ai constaté que dans l’éducation spéciale l’élève était le centre de toute l’activité éducative, tandis que, dans l’enseignement ordinaire, l’élève est parfois le dernier à être considéré dans les prise de décisions

144.

Quivy et Campenhoudt (1998) posent sept étapes pour le développement du processus de recherche: (i) la question de départ, (ii) l’exploration, (iii) la problématique, (iv) la construction du modèle d’analyse, (v) l’observation, (vi) l’analyse des informations et (vii) les conclusions.