Chapitre 3. La méthode de recueil des données

‘Réaliser une enquête c’est interroger un nombre déterminé d’individus ayant en vue une généralisation.
(Ghiglione & Matalon, 1992: 1)’

L’ambiance détendue que nous avons toujours tenté de créer, n’est pas parvenue à éliminer les gênes qui surgissent lorsqu’une personne questionne une autre, en essayant de découvrir ici ce qui fait de chacun ce qu’il est réellement. Entrer dans le monde l’autre, qu’il s’agisse du monde personnel, professionnel ou des deux, dans la mesure où l’un vit difficilement sans l’autre, est perçu comme intromission non désirée. Pour toutes ces raisons, l’approche des personnes fut faite avec précaution et attention, recourant chaque fois que possible à un intermédiaire bien lié au champ. Une des coordinatrices de l’Équipe de coordination des soutiens éducatifs (ECAE) sollicita la collaboration en s’adressant ainsi aux enseignants : «ceci est un travail pour tenter d’améliorer la cause que nous défendons tous, delà la contribution de chacun de nous est très importante et peut venir aider à changer ce que nous voulons tant voir se transformer. Nous allons tous collaborer en remplissant le questionnaire».

D’une manière générale, les discours qui constituent la matière première de l’enquête ne sont pas spontanés, ils sont provoqués et produits en des circonstances très spécifiques, ce qui ne garantit pas la vérité et, encore moins sans doute la vérité de la personne. « Consciemment ou non, elle nous dit juste ce qu’elle peut et veut nous dire, fait qui est déterminé par la représentation qu’elle se fait de la situation et par ses propres objectifs, qui ne coïncident pasnécessairement avec ceux du chercheur » (Ghiglione & Matalon,1992: 2).

Ce fut à ces vérités que nous avons pu accéder avec l’enquête par questionnaire que nous avons appliquée. Ce sont celles-ci que nous allons tenter de comprendre et dont nous allons rendre compte tout au long de ce travail.

Il ne nous a pas toujours été possible d’être présente lors de la remise des questionnaires, parfois par impossibilité logistique, d’autres fois parce que les coordinateurs mêmes de l’ECAE ont préféré assurer eux-mêmes cette tâche. Nous avons respecté la stratégie suivie par chacun d’eux, dans quelques cas à l’issue d’une certaine négociation. Ainsi, chaque fois que les coordinateurs le proposèrent, nous nous sommes déplacée au siège de l’ECAE et, profitant d’une réunion avec les enseignants de soutien éducatif, nous avons distribué les questionnaires à remplir. Dans le cas de coordinateurs plus pragmatiques, un temps fut réservé à la fin de la réunion pour compléter le questionnaire. Ce furent les situations qui permirent le plus de retours. Dans d’autres cas, les questionnaires furent distribués aux enseignants qui les emmenèrent chez eux pour les compléter et les renvoyer après.

Dans les cas où il n’y avait pas de réunions marquées avec les enseignants de soutien éducatif, les coordinateurs eux-mêmes s’organisèrent pour réaliser la distribution des questionnaires et leur retour par courrier postal. Dans d’autres cas encore, quand il n’y avait pas de rencontre prévue entre les coordinateurs et les enseignants, ni même de rencontre prévisible, les enseignants furent contactés personnellement directement ou par téléphone, et la stratégie de remise du questionnaire et de son retour fut négociée. Après la remise directe ou par courrier postal, les enseignants ont été relancés pour qu’ils n’oublient pas de renvoyer le questionnaire rempli.

Le retour des questionnaires s’est fait via le courrier postal ou par remise directe, démontrant ainsi la grande disponibilité manifestée par les enseignants de soutien éducatif pour collaborer les uns avec les autres.