Faire de l’école une communauté «hospitalière», une communauté où chacun se sente accueilli, où l’on puisse «désapprendre» pour construire quelque chose de nouveau pour qu’aucun élève ne se sente intrus ou non-désidéré [indésirable] est le défi que nous lance Canário (2006 184 ), comme professeur et sociologue de l’éducation. La communauté est l’environnement de l’école et doit être une continuation d’une école, où tous apprennent et savent enseigner, où tous collaborent, sans barrières, et ni déterminismes ou discrimination, pour la construction d’un espace publique avec un projet social fondé sur l’équité, la justice et la création d’opportunités et d’expériences significatives pour chacun.
L’école qui est inclusive, est aussi incluse dans la communauté à laquelle elle appartient, et avec laquelle elle interagit en créant des réseaux de coopération et d’entraide entre les divers éléments qui la constituent, depuis les institutions jusqu’aux services qui sont prêtés. Les enseignants, en général, et les enseignants de soutien éducatif, en particulier, en tant qu’éléments dynamiques de l’école et de la communauté, pourront être, en coopérant dans et en dehors de l’école, générateurs de processus de résolution de problèmes et de création de nouvelles dynamiques sociales et éducatives.
Pour savoir si les enseignants de soutien éducatif collaborent dans la communauté à laquelle appartient l’école et quelles sont les formes de collaboration dans lesquelles ils sont impliqués, nous leur avons posé deux questions sur ce thème (Annexe 1 - p13.5 et p13.5.1). Les réponses sont analysées dans ce qui suit en commençant par le Tableau statistique de la distribution des effectifs et des pourcentages de la variable «Fréquence du travail réalisé dans la communauté» sur l’échantillon des enseignants de soutien éducatif de la région Académique de Lisbonne.
Il ressort que les modalités jamais et parfois sont les modalités dominantes déclarées par les enseignants (33,8%) tandis que la moins déclarée est toujours (6,5%). Si nous observons la modalité agrégée « presque toujours ou toujours », le pourcentage s’élève à 27,65%, c’est à peine plus du quart. Si nous cherchons à estimer cette proportion sur la population parente par un intervalle de confiance à 95%, nous obtenons entre 22,89% et 32,41%. Nous pouvons estimer que moins du tiers des enseignants de la population des enseignants de soutien éducatif de la région Académique de Lisbonne réalise toujours un travail dans la communauté.
Il ressort que les modalités jamais et parfois sont les dominantes déclarées par les enseignants qui se distinguent significativement des autres (Test d’adéquation α =0,05; χ2= 72,51; ddl=3)
Les enseignants de soutien éducatif qui collaborent avec la communauté le font en développant des activités ludo-pédagogiques (20,6%), en établissant des accords, avec les institutions (17,9%), en donnant un appui à la famille (9,8%), en partageant de l’information (7,2%) et recherchant un soutien matériel et humain (7,2%), comme le montre le tableau ci-après, réalisé à partir de l’information rassemblée en Annexe2.
Avec un total de 426 citations dont 269 énonçant un thème et 157 ne donnant aucune information (NR), nous pouvons mesurer le poids de chacune des catégories d’activités en lien avec le travail dans la communauté. La figure ci-dessus rapporte les poids relatifs de ces catégories y compris la catégorie NR. La figure ci-dessous fournit les pourcentages rapportés aux 269 citations exprimées.
Nous pouvons voir que la réalisation d’activités ludo-pédagogiques est la catégorie dominante (88 citations sur 269) parmi lesquelles se détachent le travail projet (35 citations sur 269), les fêtes (25 citations sur 269) et les visites d’études (13 citations sur 269). Nous constatons aussi une forte proportion de citations se référant aux institutions (77 citations sur 269) de manière très diversifiée, avec pour point saillant l’utilisation des services communautaires [communs] (25 citations sur 269) La catégorie famille recueille 15,6 % des réponses qui témoignent de collaboration dans le soutien et dans l’orientation [guidage, accompagnement]. Le partage de l’information (11,5%) et le soutien matériel et humain (11,5%) sont aussi des composantes de ce travail de collaboration.
Les 13,01% (35 citations sur 269) déclarant l’implication dans le travail projet peut être le signe d’une autre d’être dans l’école et dans la communauté.
Examinons ce qui se passe dans la conjonction de la variable Travail dans la communauté avec la variable Formation en éducation spéciale :
Les enseignants de soutien éducatif de l’échantillon qui donnent une réponse, concentrent leur choix à 38,3% et à 21,1%sur la modalité agrégée «presque toujours ou toujours».
Considérant les réponses obtenues, il existe une différence (17,2%) significative entre ceux qui possèdent une formation spécialisée en éducation spéciale et ceux qui ne possèdent pas ce type de formation, relativement à la variable Travail au sein de la communauté. Statistiquement et au seuil de risque d’erreur α = 0.05 (χ2 = 11,4 ; ddl=1), on rejette l’hypothèse d’indépendance entre ces deux variables au profit de l’hypothèse alternative de lien.
Examinons ce qui se passe dans la conjonction de la variable Travail dans la communauté avec la variable Cours:
Les enseignants qui firent le Cours d'études supérieures en éducation (CESE), sont ceux qui donnent le plus fort pourcentage de réponses à la modalité agrégée «presque toujours ou toujours» avec 59,6% marquant une différence de 33,2% avec ceux de la strate Formation spécialisée en éducation spéciale (26,4%) et de 34,6% avec la strate Cours de spécialisation (25%). Cette différence est significative entre les types de formation spécialisée relativement à la fréquence de ce type de travail: Travail au sein de la communauté. Statistiquement et au seuil de risque d’erreur α = 0.05 (χ2 = 16,17 ; ddl=2), on rejette l’hypothèse d’indépendance entre ces deux variables.
Examinons ce qui se passe dans la conjonction de la variable Travail dans la communauté avec la variable Domaine de spécialisation:
Considérant les réponses obtenues, il n’existe pas de différence (6,2%) significative entre ceux qui ont une formation spécialisée dans les catégories de la déficience et ceux qui ont une formation spécialisée dans les catégories éducatives, relativement à la variable Travail avec la Communauté. Statistiquement et au seuil de risque d’erreur α = 0.05 (χ2 = 0,5; ddl=1), on ne rejette pas l’hypothèse d’indépendance entre ces deux variables.
Examinons ce qui se passe dans la conjonction de la variable Travail dans la communauté avec la variable Ancienneté de service éducation spéciale/ soutien éducatif :
Considérant les réponses obtenues, il existe une différence (6,6%) entre le pourcentage (26,7%) de la modalité agrégée «presque toujours ou toujours» dans la tranche d’ancienneté de service 1 à 14 ans et celui (33,3%) dans la seconde, 15 à 29 ans, relativement à la variable Travail dans la communauté. Toutefoiscette différence n’est passtatistiquement significative et au seuil de risque d’erreur α = 0.05 (χ2 = 1,1; ddl=1), on ne rejette pas l’hypothèse d’indépendance entre ces deux variables.
Examinons ce qui se passe dans la conjonction de la variable Travail au sein de la communauté avec la variable Age:
Considérant les réponses obtenues, il existe une différence (8,8%) entre le pourcentage (24,1%) de la modalité agrégée «presque toujours ou toujours» dans la tranche d’age 22 à 41 ans et celui (32,9%) dans la seconde, 42 à 65 ans, relativement à la variable Travail au sein de la communauté. Toutefois cette différence n’est pas statistiquement significative et au seuil de risque d’erreur α = 0.05 (χ2=2,7; ddl=1), on ne rejette pas l’hypothèse d’indépendance entre ces deux variables.
En citant Derrida (1997)