A l’est de la Sumida, dans l’actuel Kôtô-ku, des aménagements de nouvelles terres à riz, les premiers shinden kaihatsu sont entrepris à partir des années 1620, près de trente ans après l’arrivé des Tokugawa à Edo. Des salines (enden 塩田) sont également construites en avancées sur la mer, localisées un peu plus à l’est de la capitale, sur l’actuel arrondissement d’Edogawa (Edogawa-ku 江戸川区). Au sud, c’est la zone côtière autour de l’embouchure de la rivière Kana (Kanagawa 神奈川) qui est asséchée pour des projets de shinden, sur l’emplacement actuel des villes de Yokohama et Kawasaki川崎.
Ces nouvelles terres agricoles sont destinées en premier lieu à l’alimentation de la ville. Elles sont le fait d’opérateurs privés, en particulier issus du Kansai関西 9 , mais aussi parfois directement entreprises par le Bakufu. Une fois revendues et transformées en terres agricoles, ces nouvelles terres constituent alors autant de rentrées fiscales supplémentaires pour l’administration shogunale (Nakane et Ôishi, 1990 ; Herail et al. 1990).
Dans certains cas, en particulier à Ôsaka, ce sont des opérateurs privés (financiers, riches marchands) qui obtiennent du Bakufu des permis de construire des shinden. Ils réinvestissent ainsi leurs surplus financiers dans des productions agricoles dont le but n’est plus uniquement vivrier.
Ces opérations s’avèrent peu rentables au final, face aux coûts engagés pour leur construction. Elles initient cependant une prise de contrôle des zones littorales par le capital urbain. Sous Edo, ce dernier est investi dans la richesse d’alors, le riz. Lors de la révolution industrielle, ces capitaux sont investis dans l’industrie. Les mêmes terre-pleins passent alors de plateformes agricoles en plateformes industrielles, à l’exemple de la quasi-totalité des shinden construits sur le littoral de la ville d’Ôsaka.
À la fin de l’époque Edo, ce sont environ 2 700 hectares d’ASM qui s’étendent sur les côtes de la baie de Tôkyô (Endô, 2004). L’arrivée des techniques occidentales au milieu du XIXe siècle donne une nouvelle dimension à la construction de terre-pleins. L’industrie remplace les rizières du front de mer, transformées dans les baies urbanisées en de vastes Zones Industrialo-Portuaires (ZIP).
Région d’Ôsaka.