3. Au centre du centre, le Toshin

Au centre du centre, le Toshin, regroupe les trois grandes fonctions de commandement de l’archipel : la politique avec la diète, l’administration dans le quartier des ministères et l’économique dans les CBD de Marunouchi-Ginza. Il s’étend sur un espace à cheval sur les trois arrondissements centraux de la capitale : Chiyoda, Chûô et Minato (fig.24).

Cœur de l’activité tertiaire de la capitale et plus largement du Japon, le Toshin concentre la majorité des siéges sociaux des grandes entreprises japonaises, la bourse de Tôkyô et le centre de commandement politique et administratif de l’archipel.

Figure 24 : Concentration d’immeubles de bureaux dans le centre des 23 arrondissements de Tôkyô et périmètre du Toshin définie par le TMG.
Figure 24 : Concentration d’immeubles de bureaux dans le centre des 23 arrondissements de Tôkyô et périmètre du Toshin définie par le TMG.

L’impact de l’hypercentre sur le territoire japonais est double. À l’échelle nationale, c’est une force de gravité pour les activités économiques de tout le Japon, de même que pour l’emploi tertiaire qui en découle. Mais le Toshin est aussi un formidable repoussoir : la concurrence entre foncier d’affaires et foncier résidentiel rend peu accessible le logement pour les classes moyennes et moyennes supérieures dans cette partie de la ville et par effet de dominos, dans les arrondissements environnants, lorsque les prix fonciers subissent un phénomène d’inflation. Cela a eu pour effet de vider progressivement les quartiers centraux de leurs habitants qui se massent en périphérie et à l’extérieur du centre ville.

Figure 25 : Répartition de la population et des valeurs foncières dans les 23 arrondissements de Tôkyô.
Figure 25 : Répartition de la population et des valeurs foncières dans les 23 arrondissements de Tôkyô.

Les arrondissements du Toshin connaissent en conséquence des densités très faibles (fig.25 et fig. 26). Celle de l’arrondissement de Chiyoda étant plus basse encore du fait de la présence des plus de 200 hectares occupés par le palais impérial.

Figure 26 : Les densités de population dans les 23 arrondissements centraux de Tôkyô en 2005.
Figure 26 : Les densités de population dans les 23 arrondissements centraux de Tôkyô en 2005.

À la périphérie des arrondissements du Toshin, les densités plus fortes correspondent à la ceinture des appartements en bois (mokuzô apâto  木造アパート), un bâti plutôt vétuste et occupé pas des populations âgées. Cette ceinture marque la périphérie de la ville avant-guerre.

Pendant les années de la Bulle, le Toshin s’est étendu en exportant l’aire des hautes valeurs foncières de l’hypercentre à pratiquement l’ensemble des vingt-trois arrondissements centraux.

Figure 27 : Contraction des hautes valeurs foncières entre 1995 et 2004 dans l’aire métropolitaine de Tôkyô.
Figure 27 : Contraction des hautes valeurs foncières entre 1995 et 2004 dans l’aire métropolitaine de Tôkyô.

Cette pression foncière très forte, a accru la dépopulation du centre ville et des arrondissements limitrophes. Il en résulte un large amplitude démographique diurne/nocturne entre les arrondissements du centre et les communes urbaines de la périphérie (fig. 28).

Figure 28 : Ratio de population diurne / nocturne dans le département de Tôkyô.
Figure 28 : Ratio de population diurne / nocturne dans le département de Tôkyô.

Depuis les années 1990, avec la fin de la Bulle, le périmètre des hautes valeurs foncières s’est cependant continuellement réduit (fig. 27, ci-avant). Cette contraction est corrélée à celle du Toshin dont la pression foncière sur ses marges n’est plus aussi forte. Les nombreuses constructions de surfaces de bureaux entreprises dans le Toshin pendant la Bulle et dans les années qui ont suivi n’en ont pas moins créé un effet « aspirateur » des fonctions tertiaires de la mégapole.

Parallèlement aux effets de la Bulle, cette évolution cadre bien avec les phénomènes de globalisation qui touchent Tôkyô au cours des années 1980.