La domination de Tôkyô à l’échelle nationale s’articule en effet avec le statut de la capitale japonaise comme ville mondiale. Il s’est affirmé dans les années 1980, répondant à la fois à la demande de la finance mondiale pour une place boursière sur le fuseau horaire de l’Asie Orientale (Bourdier et Pelletier, 2000), et reflétant aussi l’accession de l’économie japonaise au deuxième rang mondial.
Porteur d’une réorganisation intra-urbaine, la globalisation demande la construction et/ou le renforcement d’équipements des centres de gestion (Sassen, 1996). Celle-ci est le résultat d’un processus de concentration des activités de l’excellence urbaine, nécessaires à la gestion d’une économie mondiale de plus en plus éparpillée. Les délocalisations, l’éparpillement des productions industrielles ou des services renforcent ainsi paradoxalement la nécessité d’une concentration en des points limités des activités de gestion de l’ensemble. Cette gestion se réalise dans les villes mondiales, où se concentrent les centres financiers et les activités de services aux entreprises (Sassen, 1996).
Ceux-ci, largement basés sur le développement des TIC 32 , entraînent des coûts en équipements considérables (immeubles intelligents, infrastructures téléportuaires, etc) et limitent le nombre des entités capables de les mettre en place. Il faut de bonnes infrastructures de transport, une offre hôtelière de qualité, des lieux de distraction, des laboratoires de recherche de haut niveau, etc. pour faire une ville globale (Sassen,2004, 2005). Il s’en suit que les pôles dominants sont aussi ceux qui possèdent déjà les capacités de maintien de leur domination puisqu’ils peuvent rénover leurs équipements plus vite et à plus grande échelle que les autres (Sassen, 1996).
Les dirigeants, politique et fonctionnaires, du TMG dans les années 1980 n’ont pas lu La ville globale 33 de Saskia Sassen. Mais ils avaient bien compris les enjeux du développement de Tôkyô comme ville mondiale et les infrastructures nécessaires au maintien, voire au dépassement, de ce statut.
La refonte de Tôkyô dans les années 1980 avec la modernisation de ses équipements vise clairement cet objectif. Parmi les projets urbains mis en œuvre à cette période, un des plus grands du moment, l’opération Rinkaifukutoshin, la ville téléportuaire de Tôkyô, destinée à affirmer, comme à garantir, le statut international de la capitale japonaise.
Technologies de l’Information et de la Communication.
Première édition en 1991. Ils ne l’ont pas lu, mais les transformations de Tôkyô, dont l’opération Rinkaifukutoshin n’ont pas échappé à l’auteur.