Le terre-plein no 13 du port de Tôkyô est d’abord un kiba, une zone de stockage du bois de construction. Le remblaiement a été effectué progressivement de 1950 à 1973. Avec la construction des nouveaux bassins pour le bois à Shinkiba et Wakasu, plus à l’ouest, les activités de stockage, conditionnement et vente du bois quittent la zone pour s’installer sur Shinkiba.
Au nord du terre-plein subsistent les vestiges des fortifications construites en 1854 par le Bakufu pour défendre Edo face à la menace des canonnières étasuniennes, les daiba台場. Il n’en reste plus que deux à proximité de la zone 13 dont l’un, accessible, a été transformé en jardin public à partir de 1972. Il donne le toponyme de Daiba (fig. 30) à cette partie du terre-plein. Une première plage artificielle est aménagée au bord de l’étendue d’eau de l’ancien bassin de stockage du bois. Les travaux sont achevés en 1975 et la zone connaît un premier succès en attirant les foules, plutôt populaires dans cette partie de la ville, comme dans la majorité des parcs du port de Tôkyô d’alors.
Après le déménagement de tous les kiba de la Zone 13, le parc est rénové et renommé Odaiba Kaihinkoen お台場海浜公園 en 1983. L’été, sur cette plage artificielle 38 , on profite du soleil et de cette verdure gratuite 39 à proximité des quartiers de la ville basse. Le paysage se résume à la tour de Tôkyô avec, au premier plan, les quais et les entrepôts du Toyosu futô (coke et gaz), de Shinagawa futô (conteneurs) ou, en arrière plan, les usines IHI (construction navale) et les cimenteries Onoda. La zone connaît pourtant un certain succès. Jusqu’en 1996, deux petits ramen.ya, des marchands de nouilles, se disputent les quelques visiteurs de la zone en dehors des mois d’été. Le plan d’eau est lui utilisé par quelques véliplanchistes.
Malgré le passage de la voie-express côtière (wangandôro 湾岸道路) qui traverse la zone 13 d’ouest en est, coupant le terre-plein en deux, les parcelles internes restent difficiles d’accès : seuls une ligne de bus et un pont routier relient Daiba et Ariake. La zone n’est alors qu’un élément de la zone du port de Tôkyô, aux eaux saumâtres et plutôt nauséabondes (photo 4), dans la zone industrielle du Kôtô-ku, et à proximité des ZIP du Keihin.
Les seuls ayant droits privés sont les propriétaires des parcelles situées sur le rivage nord de la zone Ariake. Ils représentent un peu plus de trente hectares, occupés par une trentaine de petites parcelles en PMI et PME, alignées le long du bassin à bois désaffecté.
© Scoccimarro 1995
Tous les autres terrains de la zone-13 du port sont la propriété exclusive du TMG et forment une parcelle quasiment d’un seul tenant. À moins de 10 km du Toshin, dans le contexte de la bulle spéculative foncière, c’est une opportunité que va saisir le TMG pour transformer cette zone de la taille de la ville de Venise en un nouveau pôle urbain d’affaires, basé sur les NTIC : l’opération Rinkaifukutoshin.
Baignade strictement interdite.
De nombreux parcs de Tôkyô sont payants.