2. Vers une enclave ludique dans le port de Tôkyô

a. Un produit urbain peu cohérent

Le POS général par zone du RFT n’a pas été radicalement modifié depuis les ajustements de 1997 à l’époque d’Aoshima. La désignation des périmètres n’évolue que très peu et elle est toujours guidée par les mêmes grands principes précédents 78 . Sur le terrain en revanche, les constructions ne suivent pas véritablement les orientations du POS.

Le complexe touristico-marchand Ôedo Onsen, l’hôpital Ariake ou encore le « village des mariages » (Ariake Sud-P) sont de bons exemples de ces constructions qui, ni dans la localisation, ni dans le type d’activité, ne correspondent à la définition des périmètres ou des parcelles dans le POS (fig. 43 et 44).

Finalement, c’est plutôt le POS qui est légèrement modifié en fonction de la réalité du terrain, par le truchement de qualifications en « zone mixte » qui permettent ainsi une interprétation très variable.

Ces plans jouent largement sur l’ambiguïté des termes. Par exemple, la désignation en fonction affaires et commerces (gyômu/shôgyô kinô業務・商業機能) inclut autant la construction d’immeubles de bureaux multifonctions « classiques » 79 que de l’immobilier d’entreprise à but promotionnel, comme les show-room Panasonic ou Toyota. On peut même étendre la catégorie aux hôtels d’affaires qui intègrent une forte part d’activités commerciales et hôtelières de type « urban resort » peuplées de touristes et non d’hommes d’affaires.

Figure 43 : POS théorique du RFT de septembre 2006.
Figure 43 : POS théorique du RFT de septembre 2006.
Figure 44 : État des lieux sur le Rinkaifukutoshin en 2007
Figure 44 : État des lieux sur le Rinkaifukutoshin en 2007

Le Ôedo onsen monogatari, une opération Mori Biru, symbolise particulièrement bien la mutation de la Zone 13. Ouvert en 2003 sur Aomi-E, au côté du Télécom center, c’est un miniparc de loisir sur le thème des sources chaudes (onsen温泉) : bains, piscine, restauration et galerie marchande, le tout dans une atmosphère imitant le style et l’architecture de l’époque Edo (fig. 44). Cela en lieu et place d’une parcelle ou devait se développer des activités de hautes technologies, ancrées dans l’économie mondialisée grâce aux équipements du Telecom Center.

D’une opération de Sous-centre urbain basée sur les TIC pour ancrer Tôkyô dans la globalisation, on est passé à l’aménagement d’un vaste urban resort, un complexe de loisir en ville.

Notes
78.

Rinkaifukutoshin no machizukuri臨海副都心のまちづくり (L’aménagement urbain du Rinkaifukutoshin), TMG, Bureau des affaires portuaires, 2004, 6 p. et mise à jour sur les documents en ligne sur le site http://www.kouwan.metro.tokyo.jp ; Nijûseiki no seikatsu to miryoku wo sekai ni hasshin suru bijinesu kyoten rinkaifukutoshin 21世紀の生活と魅力を世界に発信するビジネス拠点臨海副都心 (Le Sous-Centre de bord de mer, une base pour le business qui montre au monde l’attrait et le mode de vie du XXIe siècle), TMG, Bureau des affaires portuaires, février 2003, 32 p. Mais on retrouve ces mêmes lignes directrices pour l’aménagement de ces zones dans les plans actuels.

79.

Du type de ceux de Shinjuku : hall et petites galeries marchandes au rez-de-chaussée, bureaux dans les étages et restaurants sur les derniers niveaux.