Partie II. L’urbanisation des terre-pleins du port de Tôkyô, entre gentrification et repeuplement du centre de la mégapole

Tsukishima , Chûô -ku , 2007

Nous avons tenté dans notre première partie d’analyser le déroulement chaotique du mégaprojet Rinkaifukutoshin dans le port de Tôkyô. Hormis le constat d’échec de l’opération, nous avons montré comment les choix d’aménagement avaient été modifiés pour finir transformer ce sous-centre urbain un complexe de loisirs en ville, associé à une offre commerciale de type touristique. L’opération RFT a aussi été l’occasion de construire une infrastructure de transports qui a rattaché la zone portuaire au reste de la ville, la rendant facilement accessible.

Le succès populaire de la zone Daiba du RFT a ainsi révélé le potentiel d’aménagement du port de Tôkyô, une formule à même de garantir la venue de populations et la renommée d’un lieu.

Nous consacrerons ainsi un premier chapitre au phénomène de retour au centre-ville, le toshinkaiki 都心回帰. L’analyse, de l’échelle nationale à l’échelle de l’arrondissement, nous permettra de montrer le rôle particulier des terre-pleins du port dans le retour au centre de Tôkyô des populations, tant dans la dimension quantitative que qualitative.

Un second chapitre traitera de l’aspect concret de cette mutation à travers le détail des opérations urbaines les plus emblématiques de la reconversion des ASM du port. Cela nous permettra de préciser des aspects du toshinkaiki qui n’apparaissent pas dans les chiffres, en particulier de nuancer la nature des phénomènes de gentrification à l’œuvre dans le centre. Nous montrerons également la mise en place de dynamiques démographiques et de formes urbaines propres aux opérations sur terre-pleins.

Enfin, à l’aide de l’exemple de deux mégaprojets à Yokohama et Chiba, nous montrerons comment cette évolution se généralise à l’ensemble du littoral de la baie de Tôkyô.