Ce retour vers Tôkyô se traduit à l’échelle du département par un retour vers les arrondissements centraux. À l’intérieur de ceux-ci, ce sont les trois arrondissements du Toshin Chûô, Chiyoda et Minato qui connaissent le taux de croissance le plus fort. Ce retour au centre ville, mot à mot, le toshinkaiki都心回帰, terme employé par les géographes japonais (Minoru, 2006) est donc un retournement de tendance à tous les échelons.
Seules les zones urbaines des 23 ku gagnent significativement des habitants, alors que les communes rurales de l’ouest du département ont des soldes négatifs, il s’agit bien d’un retour en ville, et plus encore en centre ville. On constate pour l’ensemble du Tôkyô-to un transfert de population : les nouveaux venus s’installent prioritairement dans les banlieues de l’ouest de la mégapole. Celles-ci perdent leurs habitants au profit des arrondissements centraux.
Le solde migratoire du département de Tôkyô redevenu positif correspond au retour des populations dans les trois arrondissements du Toshin, ceux qui ont gagné le plus grand nombre d’habitants au sein des vingt-trois arrondissements centraux de Tôkyô (fig. 49). Parmi ces trois, l’arrondissement de Chûô est celui qui bénéficie le plus du phénomène avec une croissance de plus de 40% entre les recensements de 1995 et 2005. Le Chûô-ku retrouve ainsi son statut d’après-guerre, lorsque l’arrondissement connut la plus forte croissance démographique de l’archipel.
On retrouve une situation comparable à celle de l’immédiate après-guerre : à partir de l’année 1947, la population croit jusqu’au milieu des années 1950. La population de l’arrondissement atteint alors plus de 170 000 habitants, le pic se situant en 1953 avec 172 183 habitants. Elle décroît par la suite pendant la HCE et est au plus bas en 1997 : 71 806, soit une perte de 100 000 habitants en quarante ans.
En 2004 l’arrondissement dépasse la barre des 90 000 habitants. La plus forte croissance s’est déroulée entre mars et avril 1999. La barre des 80 000 est dépassée en janvier 2001 et celle des 90 000 en mars 2004. Au recensement de 2005 la population dépasse les 93 000 habitants (fig. 50). Cette croissance représente une hausse de 30% de la population, soit environ 20 000 habitants. Le phénomène constitue la plus forte augmentation démographique de tout le Japon pour une commune (parmi les ku shi chô son) (fig. 51).
La moitié des nouveaux immigrants dans l’arrondissement de Chûô de la période actuelle proviennent des autres arrondissements du Tôkyô-to, l’autre moitié provenant essentiellement du reste de la région capitale, une minorité étant originaire d’autres régions du Japon (Saitô, entretiens 2005). Les nouvelles populations proviennent également des départements périphériques comme les villes dortoirs du département de Chiba qui peine à maintenir à l’intérieur de ses communes les personnes issues de l’exode rural (Ishii, entretiens 2005).
Autrement dit, il s’agit bien d’un mouvement interne au grand Tôkyô, exactement inverse au phénomène de beignet.
Voir annexe I p. 216 pour la localisation des ku-shi-chô-son sur les cartes du Tôkyô-to
Source : Chûôku ni okeru jinkô no ugoki中央区における人口の動き(évolution de la population de l’arrondissement de Chûô), arrondissement de Chûô, 2005, 3 p.