Lorsque les mégaprojets sont conçus dans les années 1980, il y a l’idée de rapprocher les populations du centre ville. La demande d’augmentation du nombre d’habitants dans les objectifs du RFT allait en ce sens. Il fallait tenter de peupler la proximité du centre ville pour pallier la congestion urbaine et sortir du diptyque centre-vide / banlieue-dortoir. C’était une des raisons de la mixité fonctionnelle entre zones affaires, zones commerciales et zones résidentielles que l’on retrouve dans les plans de ces opérations. La formule downtown suburbia était même apparue chez certains aménageurs du TMG 155 pour le réaménagement des terre-pleins du port.
Actuellement, les mégaprojets urbains ne sont pas à même de remplir cette fonction. Séparés du centre par des discontinuités fonctionnelles, sociales et même physiques, ils hébergent peu de fonctions centrales. L’habitat progresse dans le port de Tôkyô, mais il est encore très réduit dans le RFT, dont la faible densité de population (1 500 h/km²) ne lui permettrait pas d’être classé en DID 156 .
Une vie urbaine se développe sur les terre-pleins déjà urbanisés du port, mais il s’agit plus de lieux d’habitat que de lieux de travail. Dans les mégaprojets urbains du type RFT et Minato Mirai 21, c’est ainsi plutôt la ville dortoir qui se profile avec la construction des kôsô manshon.
Aux côtés des shopping malls, un autre type d’activités commerciales se développe. Plus spécialisées, il s’agit de surfaces de vente qui demandent de grands espaces et un accès facile pour la clientèle. On retrouve ainsi systématiquement les établissements de la chaîne de fourniture de meubles Ôtsuka大塚. Cette enseigne est présente dans tous les aménagements sur terre-pleins (RFT, MM21, Makuhari Shintoshin, mais aussi Port Island à Kôbe et Ôsaka Cosmosquare 157 ). Elle peut y disposer de vastes surfaces d’exposition et de vente. Il en est de même pour les concessionnaires automobiles ou encore les appartements et pavillons témoins des entreprises immobilières 158 qui utilisent des friches tertiaires pour leurs activités spatiophages.
D’autres parcelles se sont spécialisées sur l’organisation intégrée des cérémonies de mariage. Elles réunissent en un seul lieu tous les équipements nécessaires, de la chapelle au restaurant, de l’habilleuse de Kimono au décor pour la photographie.
Hormis quelques sièges sociaux comme ceux de Suntory et de Fuji Terebi sur le RFT ou Nissan à Minato Mirai 21, les immeubles de bureaux accueillent en majorité les succursales d’entreprises qui ont leurs sièges sociaux dans le Toshin.
Ces éléments, associés au développement des shopping malls en préfabriqué, n’évoquent-ils pas plus les zones de banlieue que des pans de ville ? On retrouve de tels aménagements en France, mais en périphérie des villes (Sabatier Bruno et Morvan, 2006).
N’est-ce pas finalement la véritable nature urbaine des mégaprojets sur terre-pleins : un espace de banlieue avec des spécialisations commerciales basées sur la consommation ludique du week-end. Cela à quelques minutes du centre ville, c'est-à-dire près des marchés des classes moyennes et supérieures et dans un cadre général qui tient plus du parc d’attraction que du quartier de ville.
Oe Moriyuki, Université Keio, Graduate School of Media and Governance, entretien lors de la 11e conférence de l’European Association for Japanese Studies, Vienne, 2005
Il l’est pourtant dans les cartes produites par le bureau national de la statistique pour l’année 2005.
Des opérations de « villes du futur » sur terre-pleins en baie d’Ôsaka, de la même veine que les mégaprojets urbains de la baie de Tôkyô.
Dont les constructions sont parfois situées très loin du lieu d’exposition.