c. Des gains plus qualitatifs que quantitatifs

Les ASM posent plus une question de position stratégique que de volume gagné. Ainsi pour l’industrie lourde, et encore aujourd’hui pour les industries mécaniques et la pétrochimie, les terre-pleins constituent une zone d’interface particulièrement intéressante, entre arrivée de la ressource et départ du produit transformé, dans une proximité des marchés urbains.

Aujourd’hui se greffe une autre position avantageuse : la proximité des CBD majeurs des mégapoles, qui pour les deux plus importants, à Ôsaka et à Tôkyô, se situent sur l’ancien emplacement de la shitamachi, déjà sur terre-pleins, et à proximité de la mer. On retrouve là, la possibilité d’aménager des espaces, sous l’influence d’une proximité des centres, potentiellement très forte.

Par ailleurs, nous avons aussi évoqué au début de ce chapitre la plus-value paysagère dans le contexte actuel. Alors qu’à la fin du XIXe siècle les perspectives étaient plutôt tournées vers les terres, sur le modèle de capitale continentale, comme Berlin ou Paris, à la fin du XXe siècle, le modèle new-yorkais, pris en archétype, en tout cas le plus lisible, met en valeur le front d’eau, donnant ainsi un sens à l’aménagement des nouveaux quartiers d’affaires, en bassin, ouverts sur la mer.

Une autre donnée que nous avons également évoquée ne relève pas d’un rapport quantitatif à l’espace : les nouvelles terres sont configurables a merci, et très rapidement, à coût d’acquisition très bas, puisque celui-ci correspond au coût de fabrication du terrain, voire simplement au coût de la viabilisation des parcelles. Les procédures de remembrement urbain sont soit inexistantes, lorsqu’il s’agit de nouvelles zones, soit extrêmement réduites à quelques acteurs, et qui plus est, des acteurs publics ou privés mais pas individuels. Dans le contexte de la ville japonaise, cette malléabilité des usages est bien plus importante que le simple besoin d’espace brut.

D’autre part, dans les deux principales agglomérations du Japon, région capitale et région d’Ôsaka, la construction actuelle des remblais se fait sous la forme d’îles décharges. Parallèlement les taux de vacances des surfaces de bureaux en centre-ville rendent la reprise foncière plutôt fragile, avec des évolutions asynchrones au sein de l’espace mégapolitain.

Enfin, d’autres réserves foncières existent dans la mégapole. Les parcelles agricoles où la densification du bâti est encore largement possible. C’est même cette dernière tendance qui est à l’œuvre dans la capitale japonaise. La redensification du Toshin assèche les opérations d’affaires qui se réimplantent dans le centre comme l’a montré le « problème de l’année 2003 ».