b. Des limites d’usage qui ne remettent pas en cause le moteur de production

Au delà des aspects environnementaux, la question des décharges en mer pose un problème inverse à la question du manque d’espace : la question de l’usage de la surabondance d’espace. En effet la place ne manque pas dans le port de Tôkyô. Les terre-pleins en cours d’urbanisation datent d’avant-guerre et ceux du RFT des années 1950 et 1960. Les responsables du Tochô avouent ne pas savoir encore véritablement quel pourra être l’usage des derniers terre-pleins construits (Matsunawa et Ôkubo, entretiens 2005).

Ce n’est pas tout : le moteur de production des terre-pleins, moteur de production brut d’espace au cœur de la mégapole, est toujours en place. La construction de terre-pleins se poursuit ainsi suivant le rythme de l’augmentation des tonnes de déchets à enfouir. Ceux, meubles, issus du BTP, et ceux issus de la consommation des ménages. Ceux-ci sont à peine réduits par le tri sélectif opéré par les ménages entre « combustibles » et « non-combustibles ». Les combustibles sont réduits dans les incinérateurs du port. Les non-combustibles sont enfouis directement entre les différentes couches de cendres issues des premiers, mêlées aux boues de curetage des canaux du port et des chenaux de navigation.

Le plan phénix qui prévoyait l’utilisation de ces vastes zones pour permettre l’expansion de l’urbanisation ne tient plus, aujourd’hui que la ville se contracte sur son centre historique. Il est de plus, peu imaginable, vu le contexte actuel, que la capitale japonaise connaisse un quadruplement ou un triplement de son centre, qui rendrait ces terrains intéressants du point de vue foncier, pour de nouveaux quartiers d’affaires. Par ailleurs les activités industrielles et portuaires se maintiennent dans ces zones des ports dont les berges externes de terre-pleins sont utilisées pour l’aménagement des quais conteneurs.

Que faire à l’intérieur ? Après l’échec d’aménagement comme le Rinkaifukutoshin, la faible progression des fonctions urbaines (affaires, commerces, logements) rend peu imaginable la conception de projets du type Rinkaifukutoshin, dont les logements étudiants paraissent déjà être au bout du monde pour les Tôkyôtes. L’aménagement du dernier terre-plein en construction dans le port de Tôkyô, le Shin kaimen shobunjô, est un bon exemple à la fois du problème posé et des solutions envisagées pour utiliser ces espaces.