Introduction

La question de la relation entre les pratiques d’enseignement et les performances des élèves, même si elle n’est pas nouvelle, prend une importance grandissante en didactique et reste encore très ouverte. En effet les travaux récents menés à grande échelle sur le plan international (TIMSS video, 1995, 1999) caractérisent bien les pratiques d’enseignement par pays sans arriver à relier ces caractéristiques et les performances des élèves (Stigler et al. 1999 ; Hiebert et al. 2003).

Notre recherche vise à contribuer à l’étude de cette question. Plus spécifiquement, notre problématique porte sur l’analyse des pratiques de classes de physique au niveau du lycée dans une filière scientifique en vue de leur mise en relation avec les performances des élèves. Pour cela nous avons choisi l’orientation du courant français de la didactique comparatiste (Mercier et al, 2002 ; Sensevy et al. 2007) qui fournit les outils théoriques pour centrer l’analyse des pratiques de classes sur les savoirs en posant que les savoirs donnent à ces pratiques leur forme.

Notre recherche a été menée dans le cadre d’une thèse en co-tutelle entre la France (Université Lumière Lyon 2) et le Sénégal (Université Cheikh Anta DIOP de Dakar). Nous avons donc cherché à comparer des pratiques de classes dans ces deux pays.

Même si les moyens dont nous disposions nous ont conduit à mener une étude de cas, la raison essentielle de ce choix méthodologique est ailleurs. Comme nous le montrons dans le cadre théorique, l’état des connaissances actuelles sur les relations entre pratiques de classes et performances des élèves nous semble nécessiter le développement de cadres théorique et méthodologique ; c’est ce que vise notre étude de cas. Sous ce rapport, l’importance des données vidéo dans de tels travaux nous a conduit à particulièrement travailler sur la méthodologie d’analyse de ces enregistrements vidéo avec un logiciel (Transana dans notre cas).

Le choix d’un cadre théorique dans la mouvance de la didactique comparatiste n’est pas exclusif ; cette recherche se situe aussi dans le prolongement des travaux en didactique de la physique. C’est ainsi qu’elle reprend en particulier les travaux sur la modélisation menés en France en didactique des sciences dans un courant constructiviste, et fondée sur une analyse épistémologique du savoir (Martinand et al, 1992 ; Méheut, 1996, Vince et Tiberghien, 2000). Elle reprend aussi les travaux de chercheurs sur les processus d’apprentissage ou les acquisitions des élèves en lien avec l’enseignement (Méheut, 1997 ; Tiberghien et al, 1994, 2005, Buty, 2000).

Cette thèse comprend six parties.

Dans la première partie, intitulé cadre théorique, nous prenons position par rapport aux récentes recherches en didactique comparatiste. Nous commençons par visiter certaines recherches sur les pratiques de classes. Nous abordons ensuite, les savoirs, leur contenu et leur fonctionnement et nous terminons par présenter le concept de l’énergie.

La deuxième partie nous permet de tester la capacité du logiciel Transansa à être utilisé à des types d’analyses variées. La méthodologie et la vie du savoir occupent cette partie.

La troisième partie nous porte sur l’analyser des textes de programmes dans les deux pays en termes de contenus, de structurations conceptuelles et de fonctionnement de la physique.

Dans la quatrième partie, nous analysons, du point de vue thématique, le savoir en jeu dans classe au niveau mésoscopique, en utilisant des éléments du contrat didactique (la chronogenèse et la topogenèse) et des catégories de surface (phase didactique et organisation de classe).

La cinquième partie est une analyse du même savoir du point de vue thématique, mais cette fois-ci au niveau microscopique. Nous utilisons à cet effet des mots et des expressions dont le découpage est de l’ordre de la seconde. Ces mots et expressions sont regroupés dans des ensembles conceptuels qui seront à leur tour analysés.

La sixième partie concerne l’analyse du questionnaire avant et après enseignement. Son exploitation permet de faire le lien entre le savoir enseigné, analysé du point de méso et micro dans les deux parties précédentes et le savoir acquis révélé par le questionnaire.