Savoir et connaissance

Les deux termes « savoir » et « connaissance » s’emploient indifféremment dans certains cas. Si nous regardons un dictionnaire comme TLF, nous y trouvons : « ensemble de connaissance acquises, d’expériences vécues dans un domaine, dans une discipline, dans une science, dans une profession.»

Des articles de vulgarisation les présentent comme ensemble de connaissances ou d’aptitudes reproductibles, acquises par l’étude ou par l’expérience.

Ces définitions générales que l’on retrouve dans la littérature française ne distinguent pas le savoir de la connaissance. Cependant trois constantes émergent des définitions : le mot savoir, utilisé comme substantif, doit être précisé (dans un domaine, science etc), il est acquis (par étude ou par expérience) et il est reproductible.

Dans le champ de la psychologie cognitive, il y a une distinction entre les savoirs et les connaissances (Richard, 1998).

Les savoirs sont des données, des concepts, des procédures ou des méthodes qui existent en dehors d’un sujet connaissant et qui sont généralement codifiés dans des ouvrages de références : manuels, cahiers de procédures, encyclopédies, dictionnaires, etc. Dans ce champ, on retrouve l’idée de catégorisation des savoirs : des données, des concepts, des méthodes, etc.

Par contre, toujours selon les psychologues, les connaissances sont indissociables du sujet connaissant. Lorsqu’une personne intériorise un savoir en prenant connaissance, précisément, elle transforme ce savoir en connaissance. Les constructivistes diront qu’elle construit sa connaissance, qui lui appartient alors personnellement car, un autre, faisant la même construction, n’aura pas une copie conforme. Cette construction peut se faire suivant les processus d’assimilation et d’accommodation (Piaget, 1927-1974).

Dans le champ de l’éducation, Brousseau (1998) parle du « savoir comme une connaissance institutionnalisée » en distinguant deux formes (déclarative et procédurale). Pour Chevallard (1991), la connaissance représente un certain rapport cognitif et personnel à un objet.

En résumé, nous pouvons dire que le savoir est lié à une institution, en général il est codifié dans des supports (manuels, dictionnaires etc), alors que la connaissance est interne à un sujet connaissant, elle est différente d’un sujet à un autre.

Notre étude portant sur l’analyse des pratiques de classe, nous nous fixons comme objectif de suivre (en l’analysant) la transformation du savoir à enseigner en savoir enseigné, respectivement attachés à deux institutions différentes (le système éducatif au niveau des décideurs et la classe). Il s’agit de la transposition didactique. De plus, nous nous intéressons à l’apprentissage des élèves du savoir enseigné, c’est-à-dire du passage du savoir enseigné aux connaissances des élèves.