Origine de l’utilisation du mot « énergie » par la communauté scientifique

Le terme « énergie » que l’on retrouve déjà dans les écrits d’Aristote apparait dans la littérature scientifique jusqu’au XVIIème siècle. Il disparait tout au long du XVIIIème siècle au profit des vocables : « force vive » (Leibniz), « puissance motrice » (Sadi Carnot) et « chaleur »  (Clauisus), du moins de la dynamique, science qui pourtant a beaucoup contribué à l’émergence du concept d’énergie. Chacune de ces dénominations caractérise des points de vue conceptuels différents des phénomènes scientifiques, que sont la filière mécanique et la filière thermique. Or, comme le souligne Brouzeng (1980), la démarche conceptuelle qui aboutit à la fusion de ces deux points de vue (fédérée par le principe de conservation d’énergie) va permettre l’appréhension d’un concept plus général, au milieu du XIXe siècle, pour lequel le choix d’un terme unique s’impose. Dans cette recherche de terminologie unique, il semble, d’après Brouzeng (1980), que Clausius va proposer à la communauté scientifique d’utiliser les mêmes mots pour désigner les mêmes concepts ou les mêmes grandeurs et qu’elle adopte le mot « énergie » pour désigner la fonction que d’autres nomment « chaleur totale » ou « travail total » selon les cas. Ainsi le terme énergie, désigne alors « un invariant quantitatif et non plus une forme particulière. Le mot renvoie au concept qui s’ancre lui-même sur un réseau de concepts où l’on retrouve entre autres, travail, chaleur, articulés par le principe de conservation de l’énergie » (Bruguière, Sivade et Cros, 2002).

Il faut aussi mentionner que le fait d’utiliser un mot qui puise ses racines dans les langues anciennes contribue à la stabilité identificatrice du concept. En effet, d’après Martinand (1985), Clausius explique, dans sa « théorie de la chaleur » qu’il utilise le mot « entropie » emprunté aux langues anciennes afin qu’il puisse rester le même dans les langues vivantes.