Méthodes d’analyse des programmes officiels

Afin de mieux caractériser l’enseignement des phénomènes énergétiques dans les deux pays, nous avons tout d’abord analysé l’organisation de l’enseignement des sciences physiques, par exemple les différentes filières, le volume horaire accordé à chaque contenu d’enseignement, les types d’organisation d’enseignement proposés.

Ensuite, nous focalisant sur les parties des programmes qui proposent l’enseignement des concepts relatifs à l’énergie en première, nous avons pris comme référence Tiberghien et al (1994-2007) pour identifier les deux mondes (objets/événements-théorie/modèles) dans les documents.

Dans une deuxième analyse, nous avons comparé les contenus du point de vue des concepts en jeu et de leur organisation (Bardin, 1977). Pour approfondir cette analyse nous avons choisi d’utiliser les cartes conceptuelles (Bruguière et al, 1994, 2002). En effet, cette forme de représentation permet de mettre en évidence les relations entre les concepts. L’utilisation du logiciel « cmap tool » (http://cmap.ihmc.us/) nous a permis de relier les différents concepts entre eux, ce qui permet de visualiser leur structuration dans chaque programme. A cet effet nous avons pris deux types de liaison pour suivre la progression dans ces cartes conceptuelles :

Dans un troisième niveau d’analyse, nous nous sommes encore intéressés aux processus de modélisation (en termes d’identification des deux mondes) qui pourraient exister dans chaque programme.

C’est ainsi que dans un premier temps, nous caractérisons le savoir à enseigner selon le type de monde et le sens de la relation entre les deux mondes qui est privilégié. Pour cela nous avons identifié dans les textes des deux programmes (parties activités et commentaires) les propositions (ensembles de phrases) qui relèvent soit du monde des objets/événements, soit du monde la théorie/modèles, soit de la relation entre ces deux mondes. En les regroupant selon ces catégories et en calculant le nombre de propositions dans chacune d’elle, nous avons caractérisé le savoir à enseigner proposé par les deux programmes (annexe 1).

Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressés à chaque phrase de la partie « commentaires », dans la mesure où nous considérons que sa fonction est de prescrire les formes d’introduction, l’importance à accorder au concept et les mises en relation entre les différents concepts ou notions. Cette méthode nous permet de caractériser chacun des deux programmes selon qu’il privilégie les définitions des concepts, les lois ou les théorèmes, ou les introductions et les généralisations, etc. Pour cela, en prenant la phrase comme unité d’analyse, nous avons identifié les concepts (approche lexicale) puis nous avons repéré les prescriptions sur la façon de les traiter, essentiellement à partir du verbe (voir annexe 2). A partir de cet ensemble nous définissons une catégorie. De la sorte, dans ce type d’analyse, où les concepts sont identifiés en gras dans le texte de chacun des programmes, nous avons construit dix catégories qui nous permettent de relier les différents concepts (cf. paragraphe Relation entre les concepts dans les programmes des deux pays). Nous donnons, à titre d’exemple les deux cas suivants.

Catégorie 1 : introduction, généralisation à partir de situations ou d’exemples. Elle est constituée des phrases qui font référence à l’introduction ou à la généralisation à partir de situations ou d’exemples. Ainsi, dans la partie « commentaires » du programme sénégalais on peut lire : « le chapitre pourrait être introduit par l’analyse de diverses situations dans lesquelles le mot travail est utilisé dans le langage courant ». Dans cette phrase « diverses situations » est relié au concept travail par la prescription « pourrait être introduit ».

Une autre catégorie (la 9ème) regroupe tout ce qui relève d’une limitation sur le plan conceptuel. La phrase « le transfert d’énergie par rayonnement ne fait ici que l’objet d’une approche simple et qualitative à partir d’exemples courants (soleil, lampe…) (partie « commentaires » du programme français).

Dans un troisième temps, en tenant compte des résultats issus des deux premières opérations, nous centrons notre analyse sur les différents concepts, en particulier ceux qui sont communs aux deux programmes. Nous avons identifié les différents concepts ou notions (qui sont du savoir scolaire) en référence au savoir universitaire que chaque programme utilise. L’identification de ces concepts nous a permis de construire un outil qui nous servira pour la comparaison du savoir enseigné dans les deux classes : « l’ensemble conceptuel »