Méthode de découpage en phases didactiques

Les phases didactiques que nous avons définies dans la partie théorique comprennent six catégories : introduction, cours magistral, contrôle oral de connaissance, réalisation, correction et clôture. Ces phases caractérisent un type d’activité de la classe sans préjuger des acteurs professeurs ou élèves qui les réalisent. La dimension de la topogenèse prend en compte l’implication des acteurs vis-à-vis du savoir.

L’analyse consiste à décrire chaque séance en se focalisant sur les différentes phases didactiques qui se présentent dans la classe. A l’aide de la balise temporelle nous délimitons dans le texte de la transcription les moments correspondants à chacune de ces phases que nous avons classées en moyenne en quatre catégories.

  • Phase « d’introduction », (d’une séance, d’un cours, d’un exercice, d’une activité). Un cas particulier s’est présenté dans la classe 2, l’exercice est d’abord écrit au tableau par l’enseignant qui le dicte en même temps à toute la classe. Nous avons décidé de mettre cette partie dans la phase d’introduction de l’exercice. Nous avons mis aussi les rappels dans l’introduction en prenant soin de mentionner s’ils accompagnent une introduction de séance. Dans les introductions d’expérience nous avons mentionné les consignes qui y font référence.
  • Phase « cours magistral » : nous y rangeons les situations de lecture et explication de texte, le développement d’une expression littérale au tableau etc. Il s’agit des cas de discours magistraux.
  • Phase « réalisation » : elle renvoie à la réalisation d’exercices, d’activités (en mentionnant dans ce cas les parties concernant les expériences).
  • Phase « correction » : il s’agit de correction d’exercices, d’activités.
  • Phase « clôture » : elle comprend la clôture de séance, de cours, d’exercices, d’activités.

Nous avons aussi mentionné les particularités suivantes : une synthèse, un résumé ou une anticipation. En ce qui concerne les contrôles oraux de connaissances, nous les avons mentionnés et nous les regroupons dans la partie cours magistral.

A partir de cette catégorisation, nous affectons un mot clé à la partie de transcription délimitée par les balises correspondant à l’apparition de l’événement. Chacun des éléments des catégories décrites ci-dessus est aussi un mot clé de la base de données. Ainsi nous pouvons avoir une partie de la transcription qui est seulement une introduction de séance (nous mettons le mot clé « introduction de séance » dans le clip délimité par le champ texte) ou qui est en même temps un rappel (dans ce cas nous mettons dans le clip correspondant : les mots clés « introduction de séance » et « rappel »).

Figure 6. Visualisation d’un clip de phase didactique : introduction de cours magistral.
Figure 6. Visualisation d’un clip de phase didactique : introduction de cours magistral.

La figure 6 donne un exemple de découpage d’un clip correspondant à une phase didactique : ici une introduction de cours magistral. Dans la fenêtre de transcription (à gauche), le champ de texte est délimité par les deux balises, se retrouve dans la fenêtre « base de données » sous forme de clip sélectionné et codé PD 01. Nous pouvons aussi visualiser les repérages dans les fenêtres son et vidéo avec les informations temporelles correspondantes.

La transcription ci-dessous montre la façon dont nous procédons pour le découpage en phase didactique.

Cet exemple correspond à la situation suivante : la séance qui dure 1 h 29 min 29 s a débuté avec l’expérience de l’objet tiré sur une table horizontale par un moteur qui est alimenté par une pile. Les élèves ont décrit, expliqué et interprété l’expérience par des phrases qui sont écrites au tableau. L’enseignante, après avoir analysé avec les élèves ces phrases, introduit un nouveau cours. Les indices de cette introduction sont tout d’abord les marqueurs langagiers : « donc voilà » » et « un moment d’hésitation « alors ici heu… on va nous…ça s’appelle d’ailleurs (…) ». Elle commence par :

‘P_ (…) ¤<3511771>Donc voilà/ alors ici Heu...on va nous.../ ça s'appelle d'ailleurs formes et transferts d'énergie cette partie c'est qu'on va regarder/ on va étudier de plus près le modèle de l'énergie utilisé par les physiciens et s'intéresser plus…à l'aspect échange d'énergie et transfert d'énergie entre différents systèmes/ Alors pour la suite des activités se référer au modèle de l'énergie/ alors ce modèle je vais vous le distribuer/ Donc j'ai fait comme en mécanique/ J'ai encadré pour que vous reconnaissiez simplement déjà à la vue que c'est....votre feuille qu'elle a un statut différent/ C'est donc le modèle auquel on va se référer chaque fois qu'on aura une question théorique qu'on voudra interpréter une expérience.¤<3563402> (…)’

On voit que les termes utilisés marquent un début de phase qui va correspondre à la lecture d’un texte : (…) c’est ce qu’on va regarder (…) on va étudier de plus près ce modèle (…) alors ce modèle je vais vous le distribuer/ j’ai fait comme en mécanique/ j’ai encadré…

Notons que les balises temporelles qui sont des signes dans la fenêtre transcription sont suivies d’un nombre si nous exportons la transcription dans un document Word. Elles nous indiquent, dans un texte libre, le début et la fin du clip. L’unité utilisée par le logiciel dans ce cas est la milliseconde (ms), ainsi cette introduction d’un cours a débuté à 3511771 ms (58 min 31,8 s) et s’est terminée à la 3563402 ms (59 min 23,4 s).

Les informations temporelles que nous avons en temps réel sur les différentes fenêtres sont dans le texte, aussi ce dernier peut être utilisé indépendamment des autres fenêtres pour une éventuelle analyse sans la vidéo. Par exemple pour cette séance qui a une durée de 1 h 29 min 29 s, nous voyons que le cours magistral va débuter à la fin de la séance et l’enseignante l’a introduit en 51,6 s, environ 1 minute.

Puisque dans la fenêtre transcription, toutes les balises sont identiques, nous avons utilisé le caractère gras et la couleur pour différencier les phases. Ainsi pour cette introduction, nous mettons devant le signe de la balise et en gras « Introduction ». Cela permet de voir son début, et dans le clip que nous avons nommé PD 01 (figure 6), nous introduisons le mot clé « introduction de cours ».

Comment le repérage de la fin de l’introduction est-il fait ? Nous continuons toujours avec notre exemple.

Au moment où l’enseignante va commencer la lecture et l’explication du texte du modèle, une élève l’interrompt à l’instant 3563402 ms.

‘P_ (…) C'est donc le modèle auquel on va se référer chaque fois qu'on aura une question théorique qu'on voudra interpréter une expérience/ ¤<3563402>
Elève _ Pour les schémas/
P_ Ah les schémas/ Ah oui vous devez mettre des bouts dans le tableau/ On a oublié les schémas/ Effectivement personne n'en a mis dans le tableau/ Je crois que c'était possible de les mettre (…)’

Les marqueurs qui délimitent cette introduction sont : E _Pour les schémas/ P_ Ah les schémas…/

Débute alors, une phase didactique qui est ici particulière, un retour à la correction de l’activité précédente (correction des schémas pouvant expliquer, décrire ou interpréter l’expérience). C’est pourquoi, devant la balise correspondant au moment « 3563402 ms » nous mettons en gras « correction ».

Suite de la situation : la correction des schémas continue dans la classe jusqu’au moment :

‘P_ (…) ¤<3818523> Ce qui est intéressant c'est que vous arriviez à reconnaître sur votre schéma différents domaines/ Est ce que c'est la représentation d'objet/est ce que c'est ...est ce que je mets en jeu le modèle de l'électricité qu'utilisent les physiciens/ Bien ça c'est typiquement quand je dessine les représentations conventionnelles utilisant l'électricité/ Est ce que ça met en jeu le modèle des forces/ Certains ont représenté des forces des flèches pour représenter des forces/ Est ce que ça met en jeu un autre ...euh modèle/ je sais pas/ j'en… j'ai pas vu/ donc vous pouvez maintenant faire l'analyse vous même et vous pourriez mettre des bouts de schémas dans chaque colonne/ C'est possible/¤<3854877>Alors on va lire ensemble le modèle de l'énergie /et donc dans toute cette partie et dans la partie qui va suivre ça sera...la référence pour vous chaque fois que vous aurez une question d'ordre théorique/ les réponses que vous (…)’

La correction des schémas se termine à l’instant: 3854877 ms (1 h 04 min 14,9 s), les marqueurs qui nous permettent de dire que la phase de correction est terminée sont :

  • Les marqueurs conclusifs  « donc vous pouvez maintenant faire l'analyse vous même et vous pourriez mettre des bouts de schémas dans chaque colonne/» et  « C'est possible/ »
  • les marqueurs transitifs et introductifs « Alors on va lire ensemble le modèle de l'énergie /« et donc dans toute cette partie et dans la partie qui va suivre ça sera (...) la référence pour vous chaque fois que vous aurez une question d'ordre théorique, les réponses que vous (…) »

A partir de ce moment, elle invite les élèves à lire ensemble le texte du modèle. Nous considérons que le cours magistral débute à cet instant.

Et donc dans le clip qui débute à 59 min 23,4 s et se termine à 1 h 04 min 14,9 s nous mettrons le mot clé « correction activité ».

Le cours magistral commence donc à l’instant 1h 04 min 14,9 s et se termine à 4651549 ms (1h 17min 31,5s) et une autre activité démarre.

‘P_ (…) Une chaîne énergétique complète commence et se termine toujours par un réservoir/ Y a forcément heu...l'énergie étant donné qu'elle se conserve elle....elle va vers un autre réservoir et le réservoir initial est forcement différent du réservoir final/¤<4651549>Voilà on s'arrête là/ Je vais vous distribuer.../vous avez le début de l'activité 2/Le début de l'activité 2 est en bas de page et la fin de l'activité 2 je vous la distribuer./ (inaudible).../ça va devenir plus parlant/ (…)’

Dans ce clip qui donc débute à 3854877 ms (1h 04 min 14,9 s) et se termine à 4651549 ms (1h17min31,5 s) nous mettons le mot clé « cours magistral » et pour montrer que le cours se fait à l’aide d’un texte nous ajoutons un autre mot clé « lecture et explication de texte ».

En résumé, pour une séance donnée, nous balisons les débuts, les fins qui permettent de délimiter chaque phase didactique, en prenant soin de mettre en gras un repère de texte à côté de cette balise (introduction activité, développement cours etc).

Comme on peut le constater, chaque séance est analysée sous l’angle des phases didactiques, c’est la première forme d’analyse que nous avons entamée après notre transcription des séances dans chaque classe. Dans le texte brut qui était une transcription, nous avons ajouté à côté des balises temporelles des indications qui marquent les débuts et les changements de phases didactiques en caractères gras.