Synthèse 1

La France et le Sénégal sont deux pays qui ont un pan d’histoire commune. Ce qui expliquerait les caractéristiques générales et spécifiques que l’on retrouve dans les domaines économique, culturel, législatif, politique et social. Avec des représentations et des cosmogonies différentes, les personnes en situation de handicap et d’errance sont actrices de leurs propres stratégies d’adaptation urbaine dans des contextes différents, à Lyon comme à Dakar.

La littérature développe l’idée de souillure symbolique reflétée par l’apparence physique de la personne en situation de handicap, ce qui justifie la dégradation de son image sociale, ainsi que les comportements de rejet à son égard (Mary Douglas). Loin d’être un simple phénomène biologique, la maladie est un fait social, avec ses dimensions individuelle, culturelle et morale (Didier Fassin et François Laplantine). Face à la peur de la contagion, de la contamination ou de la transmission (Doris Bonnet et Yannick Jaffré), stigmatisées (Erving Goffman), les personnes en situation de handicap et d’errance s’auto-organisent au sein des groupes de pairs en développant des processus identitaires (Claude Dubar).

Englobant la réalité de la personne vivant à la rue, la notion d’errance ouvre à une approche multidimensionnelle qui permet de se dégager de l’absolutisation de l’identité catégorielle (Charles Gardou). Le Handicap est défini comme une situation socialisée -vécue par une personne- qui découle d’une interaction entre des facteurs individuels (subjectifs) et des facteurs liés à l’environnement physique et social (CIF). Dans le processus de production du handicap, le soutien social joue un rôle de facilitateur ou d’obstacle (Marilou Bruchon-Schweitzer). Intégrant l’aspect socio- politique (dont le rôle de l’Etat), le soutien social global permet de focaliser la recherche sur la capacité d’une société à persister dans ses caractéristiques essentielles face aux conditions de précarité et de survie de la partie vulnérable de sa population.

C’est à partir de leur perception du soutien social global que les personnes en situation d’errance et de handicap conçoivent des formes de soutien social ajustées à leurs attentes, à leurs besoins et à leurs désirs, au delà de la diversité des substrats culturels.