Chapitre 4 : Situations multiformes de handicap et d’errance

4.1. Quelques données sociodémographiques

4.1.1. Dans la rue, il y a surtout des hommes

On constate la masculinisation de la rue. La représentation faible des femmes est à nuancer, leur présence étant partiellement calfeutrée de par leurs stratégies spécifiques. Selon les pays, la proportion de femmes dans la population des sans domicile fixe est très faible : elle oscille entre 17 et 24%. 169

Leurs parcours nous ont semblé plus polymorphes que celui des hommes du fait de leurs situations et charges de famille, ainsi que des situations complexes et des risques encourus dans la rue. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’interviewer davantage de femmes, plutôt que de respecter une proportion représentative de la population en errance.

A Dakar, parmi les 50 personnes que nous avons interviewées, 43 % des personnes sont des femmes et 57% des hommes. Pour la majorité, nous les avons rencontrées dans les rues commerçantes de Dakar en centre ville.

Sauf exception, les femmes rencontrées mendiaient pour assurer la survie de leurs enfants. Certains hommes également, mais la plupart étaient dans des dynamiques de survie plus individuelle.

A Dakar, les travailleurs sociaux de la DDASS et des services sociaux intervenant dans la rue affirment que le nombre de femmes, de familles a considérablement augmenté depuis quelques années. Mais il n’y a pas de statistiques précises sur les personnes en errance. Les personnes en errance interviewées pensent qu’à Dakar il y aurait environ 10 à 20% de femmes dans la rue. Notre perception est différente dans la mesure où un nombre non négligeable de femmes viennent mendier en centre ville la journée pour arrondir les fins de mois, puis repartent ensuite à leur domicile. Mendiant souvent de façon plus isolée que les hommes, les femmes sont plus facilement accessibles.

En France, parmi les 10 à 20% de femmes en errance, il y en a peu qui dorment dans la rue. Selon le rapport INSEE (1992), 3 % seulement auraient séjourné dans un abri de fortune ou dans la rue plus d’un an. A Lyon, parmi les 50 personnes interviewées, 20 % des personnes sont des femmes et 80 % des hommes.

Notes
169.

Marpsat, Maryse. 1999. Un avantage sous contrainte. Le risque moindre pour les femmes de se retrouver sans abri, in Population, n°6-Ined.