4.1.2. On trouve des jeunes, des vieux, des gens de tous les âges.

Nombre de personnes
1 8 à 30 ans
31 à 45 ans
46 à 60 ans
Plus de 60 ans
Dakar - Age
35%
41%
14%
13%
Lyon - Age
28%
24%
38%
43%

L’écart des âges des personnes interviewées s'étend de 12 à 90 ans à Dakar et de 18 à 71 ans à Lyon. Les personnes très âgées n’ont pas de retraites au Sénégal et sont ainsi amenées à mendier pour survivre. En France, elles sont intégrées dans les maisons de retraite. Les problèmes de santé sont un des facteurs qui participent à la stabilisation des personnes en situation d’errance dans ces structures.

La moyenne se situe entre 31 et 45 ans à Dakar. La présence dans la rue de ces personnes en situation de handicap, chargées de famille, est associée à la mendicité qui représente un « travail » vital pour assurer un apport financier indispensable à la survie. A Lyon, la forte représentativité des 46-60 ans s'explique par la présence des personnes atteintes dans leurs fonctions mentales, orientées par les hôpitaux psychiatriques vers les dispositifs d’urgence sociale.

La rue attire les jeunes ainsi que les adultes en âge de travailler : le poids du manque d’emploi au Sénégal est évoqué par la grande majorité des personnes ; en France également (ce d’autant plus qu’aucun revenu minimum n’existe avant l’âge de 25 ans). C’est en partie pour ces raisons, associées à la désaffiliation progressive, que le processus de l’errance se rajeunit et se féminise en France.

La déficience des enfants (en fauteuil roulant ou atteints de cécité) est utilisée en vue d’apporter un revenu de survie pour la famille à Dakar. Elle est aussi utilisée en France, de façon sporadique, alimenté parfois par certaines filières d’immigration. Si le phénomène de l’errance des mineurs se développe dans les grandes agglomérations françaises (Paris et Marseille), il reste caché à Lyon. Car la ville n’offre aucune structure spécifique pour les accueillir (hormis la DDASS 170 exceptionnellement).

La majorité des personnes présentes dans la rue est composée de jeunes adultes. A Lyon, les personnes qui ont passé la cinquantaine d’années sont souvent dans des processus de clochardisation. La mendicité est un « travail » vital pour leur permettre d’acheter de l’alcool et d’éviter les crises de manque avec leurs conséquences. Il est à noter que l’espérance de vie est très raccourcie pour les personnes à la rue (en France, elle est évaluée entre 45 et 50 ans). Le vieillissement lié à la dureté des conditions d’existence est rapide. Des personnes de 50 ans « font » 70 ans d’apparence, avec un besoin en soin et en entourage du type dépendance du 3ème et 4ème âge.

Les personnes âgées au Sénégal, isolées et sans retraite, n’ont que le moyen de la mendicité pour subvenir à leurs besoins. Leur famille large, quand elles sont encore en lien, ne peut les nourrir compte tenu de l’extrême précarité économique dans laquelle elle vit. C’est ainsi qu’une « mamie » de 90 ans, atteinte de déficience motrice et de malvoyance, mendie pour ses deux filles et ses petits enfants qui sont au bord de la famine à l’intérieur du pays. A Lyon, les personnes âgées peuvent aussi être sans abri : elles ont connu l’errance pendant longtemps et supportent difficilement les contraintes posées par les maisons de retraite d’où elles fuguent. Ces comportements sont souvent associés à des déficiences mentales nécessitant des soins psychiatriques.

Notes
170.

Direction départementale de l’action sanitaire et sociale