4.2.1.3. C’est difficile pour nous d’avoir des activités

En ce qui concerne les capacités d’activités et de participation, ainsi que leurs restrictions d’activité, il n'a été retenu que les domaines que les personnes ont elles-mêmes abordés. C’est ainsi que l'apprentissage et l'application des connaissances, ainsi que les tâches et les exigences générales, sont des domaines qui n'ont été mentionnées ni sur l’un ni l’autre site.

Les préoccupations des personnes sont organisées autour des réalités de survie quotidienne (recherche d'hébergement et de petits boulots, de réponses aux besoins primaires ou de lieu de mendicité).

Restriction d’activité et de participation Dakar Lyon
Difficultés de communication 17 % 37 %
Difficultés de mobilité 67 % 30 %
Difficultés / entretien personnel 7 % 33 %
Difficultés / vie domestique 33 % 87 %
Difficultés relationnelles avec autrui 17 % 37 %
Difficultés / grands domaines de la vie 14 % 57 %

A Dakar, la grande majorité des personnes en situation de handicap et d’errance sont atteintes de déficiences motrices au niveau des membres inférieurs. Ce sont pour la plupart des conséquences de la poliomyélite et de la lèpre. Ces personnes connaissent des difficultés de mobilité (67 %). Un tiers d’entre elles rencontrent des difficultés pour assumer leur vie domestique (préparation des repas, tâches domestiques, etc.). Cela est dû à la fois aux conséquences des déficiences motrices, sensorielles et / ou mentales : atteintes des membres supérieurs (par la lèpre notamment), cécité ou malvoyance ou incapacité due à la déficience des fonctions mentales. S’approcher d’un fourneau pour faire la cuisine devient un acte dangereux.

Les personnes atteintes de troubles mentaux ont des difficultés relationnelles avec autrui (17%) et présentent des difficultés de communication (17 %). Parmi elles, 14 % seulement ne peuvent pas assurer les grands domaines de la vie (dont la gestion de leur bien). En effet les prises en charge se font de façon informelle, dans un système communautaire, avec une forte implication et organisation du groupe des pairs.

Les personnes atteintes de déficience motrice s'adaptent plus facilement aux situations que les personnes atteintes dans leurs fonctions mentales (limitées souvent dans plusieurs domaines à la fois). S’il n’y a que 7 % des personnes qui ne parviennent pas à assurer leur entretien personnel (notamment l'hygiène pour quelques personnes atteintes dans leur fonction mentale), c’est parce que la grande majorité s’organise pour donner leur linge à laver, pour développer des habitudes de vie adaptées à la survie dans la rue et accéder aux lieux d’hygiène (WC, eau courante).

La grande majorité des personnes qui cumulent des restrictions d’activités sont généralement atteintes de déficience des fonctions mentales : restriction au niveau non seulement de leur vie domestique, mais aussi de la communication, de la vie relationnelle, et pour une partie au niveau des grands domaines de la vie.

A Lyon, une partie d’entre elles ne parvient pas à assurer son entretien personnel (notamment l’hygiène) : il s’agit souvent des personnes « clochardisées » en situation d’incurie.

Plus du tiers des personnes rencontrées à Lyon ont des difficultés relationnelles avec autrui (en particulier avec des troubles du comportement) et présentent des difficultés de communication (37 %). Parmi elles, 33 % ne parviennent pas à assurer leur entretien personnel (notamment l'hygiène pour quelques personnes atteintes dans leur fonction mentale). 30 % des personnes ont des difficultés en termes de mobilité générées en partie par des déficiences motrices, mais aussi par les conséquences de la maladie alcoolique, par des lésions aggravées aux pieds (manque de soins) et par des états d’incurie chroniques. Les personnes dont la restriction d’activité et de participation touche les grands domaines de la vie, utilisent les services d’une tutelle ou curatelle pour la gestion de leurs biens (57 %).

87 % de ces personnes ne peuvent pas assumer leur vie domestique. Cela s’explique en partie par certaines incapacités personnelles, mais surtout par le manque de participation qui leur est fait. En effet, le système social est basé sur la prise en charge assistancielle. Dans les lieux d’accueil et d’hébergement, les personnes en errance ne peuvent pas faire la cuisine elles-mêmes. Elles y bénéficient de repas déjà préparés qui leur sont servis. Pour leur linge, l’accès aux services de buanderie étant limité dans ces lieux, l’habitude est prise de jeter le linge plutôt que de l’entretenir. Car l’accès à des vestiaires où sont redistribués des vêtements collectés (gratuits ou très peu chers - 1€ - pour un vestiaire complet) est privilégié. A partir de cet état de fait, la question se pose du poids de la déficience parmi les causes de l’errance.