5.1.3. Des flics et des services sociaux, ils font quoi ?

5.1.3.1. Des flics, il en faut bien 

Les autorités (la police) sont également perçues de façon contrastée. A Dakar, les femmes et/ou les personnes ayant une déficience motrice sévère et/ou les personnes âgées les perçoivent ainsi (23 %) les perçoivent dans leur rôle de conseil et de sécurité,. A Lyon, cette perception existe, mais plus atténuée (7%). C’est plutôt une acceptation raisonnable pour éviter le pire :

« Des flics, il en faut bien ! »

Les autorités sont davantage perçues dans un rôle de harcèlement et de répression (30% à Dakar / 23% à Lyon), car au cours des actions de maintien de l’ordre public, la police chasse, parfois par la force, les « mendiants ».

« Nous, à Dakar, la police nous dit : « le trottoir est interdit pour vous. Circulez ! » Si tu ne déguerpis pas, non, la police t’emmène au poste ; dès fois ils te bastonnent. Faut que tu payes, sinon c’est la prison ! »

« Maintenant, à Lyon, les flics, ils te mettent une amende parce que tu bois la bière sur la voie publique ! On est dehors. Où veux tu qu’on la boive, la bière ! Et puis il paraît qu’au bout d’un certain nombre d’amendes, on va en tôle ! »

Arrêtés anti-mendicité, politique de la ville : en France comme au Sénégal, la tentation est de chasser les « encombrants » pour faire une ville « propre ». A l’occasion de manifestations politiques, les mendiants sont non seulement chassés (ce qui est le cas régulièrement) mais déportés :

« La police, maintenant, ça va. Avant ils nous emmenaient loin, à plus de 300 kilomètres, vers Tamba 206 pour qu’on ne mendie pas à Dakar ! De temps en temps, ils le font encore, quand il y a des visites officielles.» nous disait un homme de 50 ans victime de la lèpre.

« Ce qui compte, à Lyon, c’est le prestige ! Les places, le centre ville, c’est pour faire bien, pour les touristes, les gens friqués ! Nous, on nous chasse. On a qu’à se planquer ! »

En France, un homme témoigne du peu de prise en compte des personnes en situation de handicap qui survivent dans l’errance dans les villes touristiques du bord de mer :

« Ca gênait, le festival, à La Rochelle. C’est vrai, il y avait des jeunes qui agressaient la clientèle des restaurants en centre ville. Mais nous, on y était pour rien ! Un soir, la police nous a embarqués : un vieux qui ne pouvait plus marcher, un jeune complètement fou, un chien – il n’était pas à nous ! - et moi. Ils nous ont emmenés à plus de 80 km et ils nous ont lâchés en plein bois, sans eau, sans nourriture, sans rien, à la tombée de la nuit ! Ca a été terrible. Il n’y avait personne. Le village le plus proche était à plus de 10 Km ! »

Notes
206.

Région du Nord Est du Sénégal, à 600 km de Dakar.