6.1.2. 3. Faut être multi compétent quand on vit dans la rue

La vie à la rue n’est possible qu’au prix d’une attention particulière à tout ce qui se passe dans l’environnement, le meilleur (les dons, les relations amicales, etc.) comme le pire (les rackets, la violence, les rafles ou les amendes, etc.). C’est aussi une capacité de débrouillardise qui est sans cesse sollicitée : postures, habits, paroles, stratégies pour se faire connaître et fidéliser une clientèle, tissage des multiples interrelations avec le groupe de pairs et constitution de son propre réseau social. Si, à Dakar, les services sociaux et les aides humanitaires sont rares, le paysage lyonnais foisonne de lieux d’accueil, spécialisés ou non pour les personnes en situation d’errance. Un dispositif 225 , managé par la DDASS et la Ville de Lyon, tente de conforter un maillage suffisamment fort pour permettre aux personnes en situation d’errance de sortir de l’exclusion.

Ce dispositif tente de répondre aux exigences de textes législatifs multiples. 226 Une attention particulière est portée sur les personnes en situation de handicap, avec la mise en place d’équipes mobiles adaptées (l’Interface psychiatrique SDF et l’équipe mobile du Réseau Rue Hôpital qui interviennent en partenariat avec le Samu social 69). Au niveau de la DDASS, une équipe spécifique cherche à développer des solutions pour les personnes en situation de handicap dans la rue (surtout pour celles qui souffrent de déficiences sensorielles ou motrices). Dans le champ de développement de projets novateurs, des résidences sociales, des lieux de vie intégrant des pathologies liées à l’errance, des solutions alternatives se mettent en place. Malheureusement, l’offre est bien inférieure à la demande.

Cette organisation est plus ou moins perceptible par la personne en situation de handicap de d’errance. C’est pourquoi un Guide de l’Urgence Sociale a été élaboré par la Maison de l’Urgence Sociale de la Ville de Lyon. Distribué en format « poche », il est un outil précieux pour ceux qui vivent dans la rue à Lyon et pour les partenaires sociaux. Malgré tout, la personne en situation d’errance se sent tout d’abord un peu perdue dans tous ces méandres sociaux. C’est ce que ce schéma donne à voir :

Comment se situer dans ce réseau et s’appuyer sur les dispositifs existant ? Les personnes en situation de handicap et d’errance gardent leur libre choix quand aux décisions qu’elles prennent, sous réserve de ne pas mettre leur vie ou celle des autres en danger. Sinon, une hospitalisation à la demande d’un tiers (en général issu des associations présentes auprès des personnes en errance) ou une hospitalisation d’office peut être prononcée.

Ces personnes bénéficient (avec parfois une discrimination positive du fait du handicap) ou s’affrontent aux possibilités des trajectoires d’insertion développées – et parfois imposées - par les politiques sociales. Or chacune d’entre elles a ses limitations d’activité et ses seuils de tolérance (vis-à-vis de l’hébergement collectif par exemple). L’imposition de ces trajectoires peut générer davantage d’exclusion et chroniciser les personnes dans des situations d’errance. Cette imposition est vécue comme une infantilisation dans la relation avec le référent social, qui équivaut à du mépris dans leur ressenti. C’est pourquoi les personnes en situation d’handicap et d’errance formulent des demandes d’assouplissement de ces trajectoires, et d’accès direct à un logement autonome sans passer par l’hébergement d’urgence par exemple. Il n’existe pas une, mais des trajectoires d’insertion, avec au centre la personne comme principal acteur.

Elles insistent à leur manière sur l’indispensable travail partenarial pour répondre à leurs demandes avec un soutien social le plus global possible (intégrant les domaines social, santé, hébergement, financier, insertion professionnelle ou travail, judiciaire, etc.).

Le parcours de la personne en situation d’exclusion
Le parcours de la personne en situation d’exclusion
Les trajectoires d’insertion
Les trajectoires d’insertion
Notes
225.

Cf. fiche en annexe sur « Le dispositif de la Veille sociale renforcée à Lyon »

226.

Cf. fiche en annexe sur « Des textes à l’application locale »