7.1.2.3. Mes parents me forcent à mendier, car je suis leur seul soutien

En France comme au Sénégal, nous remarquons que les femmes marquées par des déficiences sévères, et notamment la déficience mentale, ont des capacités extrêmement réduites et se retrouvent installées définitivement dans l’errance.

Par contre, à Dakar, l’utilisation de la déficience motrice sévère est un atout supplémentaire à la féminité pour gagner plus d’argent grâce à la mendicité, en particulier si elles rampent plutôt que d’être dans un fauteuil roulant. C’est pourquoi les familles exercent une forte pression sur ces femmes pour qu’elles demeurent dans la rue.

« Je veux un télé centre car je suis intellectuelle, ou une petite boutique à gérer pour laisser ce métier de mendicité qui me fait honte. J’ai plusieurs fois essayé d’abandonner la mendicité, mais mes parents m’y forcent car je suis leur seul soutien. »

En France, la majorité des femmes en situation de handicap bénéficient de l’allocation adulte handicapé. Ce revenu génère une attraction et des alliances souvent marquées par la domination masculine. C’est, par exemple, la situation de Fatima, atteinte de déficience motrice. Qu’elle soit en fauteuil roulant ou avec des béquilles, elle tourne entre les lieux d’hébergement : sa famille, les squats, les centres d’hébergement, les hôpitaux et la rue.

‘« Quand j’en ai marre, je pars ! »’

Régulièrement dépouillée de son argent, elle subit de nombreux sévices dans la rue, dont celui de la violence physique et du viol. Son besoin des autres est tel qu’elle accepte tout, l’alcool aidant,. En raison de son alcoolisme et de sa déficience motrice, elle ne cherche plus à se protéger ni a se constituer un minimum d’espace privé. Quand on lui propose un lieu où elle pourrait s’abriter, elle répond en riant :

« Ta, ta, ta, ma chérie, je suis là et j’y reste. J’ai mes amis ici ! »

Jusqu’au jour où, pleine de parasites, devenue anorexique et encoprétique du fait de ses suralcoolisations, sa peau commence à être entamée et sa souffrance physique (atteinte des jambes par la polynévrite s’ajoutant aux malformations) devient insoutenable. Elle accepte alors d’aller à l’hôpital, puis dans un centre d’hébergement d’urgence.