Synthèse 3

Dans une société de plus en plus réticulaire, l’existence sociale est marquée par la fragilisation des liens familiaux, communautaires et sociaux. Face à la précarité et la souffrance, le soutien social est une nécessité. Il existe au moins trois perceptions du soutien social, selon leur focalisation sur l’Etat, l’individu ou le groupe des pairs. Les figures élémentaires, que sont la vengeance, le don et le marché, se donnent à voir jusque dans l’échange gestuel des personnes au sein du groupe des pairs et dans leur réseau social.

Dans les deux substrats culturels différents, les personnes en situation de handicap et d’errance pointent les inégalités sociales avec un regard croisé sur la mondialisation.

Les politiques sociales ont été longtemps axées sur l’assistance matérielle, financière et éducative de leur population vulnérable dans un contexte d’Etat Providence. Or aujourd’hui, avec la crise du logement et la pénurie d’emploi, la logique de l’urgence prédomine dans le traitement social. De plus, elle est accompagnée de la mise en place de normes répressives appliquées à l’occupation des espaces publics. Le paradoxe, c’est que, dans cette conception socio politique, les personnes sont soumises à des interdépendances contraignantes, alors qu’elles sont atteintes dans leur dignité par la situation de handicap et d’errance. Entourées pour la plupart par le groupe des pairs, elles font acte de résistance, face à cette souffrance sociale qui découle des contraintes quotidiennes, culturelles et économiques. L’effectivité des droits est une question récurrente des personnes en situation de handicap qui resituent le soutien social dans un contexte de protection et de promotion des droits de l’homme.

Or la participation sociale préfigure les formes modernes de la démocratie politique. Intrinsèquement liée aux limitations d’activités, elle constitue un des fondements de la démocratie moderne. Mais le statut de cette participation reste ambigu et revêt parfois l’aspect d’un leurre pour la population en situation d’errance et de handicap. La mobilisation citoyenne des groupes de pairs met en évidence l’écart qui existe entre une politique sociale jugée souvent archaïque (avec des droits fondamentaux à caractère déclaratoire) et une législation en avance sur les pratiques.