Conclusion

Nous nous étions proposé d'apporter une contribution scientifique à la connaissance des systèmes phonologiques et morphosyntaxiques des langues africaines et en particulier du groupe des langues mandé nord ouest relativement peu étudié dans sa branche samogho. Le présent travail tente de donner à la communauté scientifique une vision aussi complète que possible des systèmes des sons et des tons, ainsi que de l'organisation morphosyntaxique du dzùùngoo. Dans la problématique lexicale qui nous a guidé, nous avons pu décrire les mots du lexique dzùùn dans leur spécificité autant interne que combinatoire. Selon l'approche typologique et fonctionnelle que nous nous étions fixée, nous avons essayé de placer les spécificités de cette langue dans la perspective de la famille des langues mandé.

Un de nos souhaits, en entamant ce travail, était de pouvoir apporter une contribution au développement et à la promotion de la langue des Dzùùns. Comment un tel travail académique peut-il constituer une contribution au développement et à la promotion d'une langue minoritaire comme le dzùùngoo ? Nos premières analyses phonologiques et morphologiques avaient conduit en 1996 au développement d'un abécédaire et d'un syllabaire, suivi par l'ouverture de classes d'alphabétisation dans la ville de Samogohiri et le village de Saraba. Avec l'équipe de nos collaborateurs, nous avions pris un certain nombre de décisions sur l'orthographe de la langue, en particulier quant à l'écriture des tons et aux limites des mots. Deux ans plus tard, nous publiions un lexique et un guide orthographique expliquant aux Dzùùns scolarisés en français comment lire et écrire leur langue et en particulier quels principes orthographiques devaient être respectés pour créer du matériel écrit dans leur langue. Après plus de dix ans d'usage, nous estimons que ces documents ont besoin aujourd'hui d'être révisés et que nous avons pu dans cette thèse aborder un certain nombre de questions propres à aider une commission de révision à évaluer les choix qui avaient été faits à l'époque de leur création, et à prendre de nouvelles décisions.

Sur le plan phonologique, nous avons pu identifier trois domaines méritant l'attention de tous ceux qui désireraient voir l'orthographe du dzùùngoo améliorée. Il s'agit des questions de la nasalité, des diphtongues fermantes et de la transcription du ton. Ces questions se trouvent d'ailleurs au centre du débat des acteurs de l'alphabétisation fonctionnelle.