La transcription des tons

Dans l'orthographe actuelle du dzùùngoo, seul le ton Bas est transcrit avec un accent grave sur la voyelle. Cette orthographe du ton constitue un compromis entre l'orthographe du jula, dans laquelle aucun ton n'est transcrit, et une orthographe dans laquelle les trois tonèmes devraient être représentés. Elle présente l'avantage de la simplicité pour le transcripteur, mais l'inconvénient de l'ambiguïté pour le lecteur.

Nous avons pu constater chez les nouveaux lecteurs les difficultés de déchiffrage que la seule transcription du ton Bas pouvait occasionner. Un ton non marqué peut en effet être interprété soit comme le ton Haut, soit comme le ton Moyen, ce qui peut constituer une difficulté de décodage si le lecteur n'est pas suffisamment attentif au contexte de ce qu'il lit. Nous estimons donc que le ton Haut devrait aussi être transcrit comme un accent aigu sur la voyelle Unité Porteuse de Ton (UPT), le ton Moyen demeurant ainsi le seul ton non marqué.

La question de la transcription du ton renvoie à un autre débat. Pour certains, c'est le ton lexical, c'est-à-dire sous-jacent, qui doit toujours être transcrit, quelle que soit la réalisation phonétique du mot dans l'énoncé, alors que pour d'autres, c'est le ton phonétique. Nous avions donné, dans notre guide orthographique, comme instruction de ne transcrire que les tons Bas réalisés Bas. L'association du Ton Haut Flottant (THF) à une UPT à ton lexical Bas résulte en effet en une non réalisation d'un ton Bas. Le ton Bas étant toujours le plus facile à reconnaître, une telle recommandation n'était pas trop difficile à suivre. Si on doit en plus transcrire le ton Haut, on se heurte à une difficulté majeure dans la distinction entre tons Haut et Moyen dans les processus d'abaissement tonal automatique et non automatique. Le ton Moyen correspond phonétiquement au ton Haut abaissé. Nous pensons donc qu'il est de l'intérêt du lecteur Dzùùn d'utiliser un système de transcription tonale plutôt lexical que phonétique, en notant toutefois le ton Haut qui résulte de l'association du Ton Haut Flottant (THF) à une UPT à ton lexical Bas. L'abaissement automatique et non automatique du ton Haut appartient en effet à des formes allophoniques dont l'orthographe doit faire l'économie. Le THF en revanche appartient à la structure tonale de l'énoncé, et sa réalisation sur les UPT à ton Bas relève plus du processus d'assignation du ton lexical que de choix allophoniques.

Ces trois particularités phonologiques du dzùùngoo méritaient d'être relevées comme autant de défis dans la fixation d'une orthographe fonctionnelle. Nous souhaitons que les recommandations ici proposées contribueront à l'amélioration du système d'écriture du dzùùngoo.