Les limites de mots

Sur le plan de la morphologie, nous avons déjà pu grossièrement localiser par rapport aux langues du monde la langue dzùùngoo selon les axes de synthèse et de segmentabilité. Ainsi, à l'instar des langues de la famille mandé en général, nous pouvons placer le dzùùngoo parmi les langues plus agglutinantes qu'amalgamantes, et plus analytiques que polysynthétiques. Ces particularités typologiques ont une incidence sur l'orthographe de la langue. Les rares amalgames apparaissant dans l'opération nominale du défini, et dans les opérations verbales de la flexion aspectuelle, particulièrement de l'inaccompli et de l'accompli, ce sont ces opérations-là qui sont orthographiées de façon suffixales. Les autres opérations nominales telles que le pluriel, le démonstratif, la focalisation et la relativisation, malgré leur forme phonétiquement clitiques avec le r initial, sont orthographiées analytiquement plutôt que comme des suffixes. Ces morphèmes grammaticaux pourraient fort bien être orthographiés comme des suffixes au même titre que les morphèmes aspectuels ou le défini. Nous avions estimé que ces morphèmes grammaticaux clitiques, orthographiés comme des particules, présentaient l'avantage d'une orthographe plus simple car plus "aérée". Donner le statut de mot orthographique à ces morphèmes n'était pas non plus en contradiction avec les tendances typologiques morphologiques du dzùùngoo plus analytiques que polysynthétiques.

Au niveau des opérations de création lexicale, l'orthographe actuelle a traité la composition de la même façon que la dérivation. Les verbes et les noms composés "collent" leurs différents formants comme les affixes de dérivation sont collés à leurs radicaux. L'incorporation d'un argument comme l'objet fait partie des procédés de lexicalisation.

Nous avons pu toutefois signaler des nominaux de structure complexe qui ont toutes les propriétés des noms composés et qui pourtant ne figurent pas dans le lexique.

Nous voudrions proposer à une commission de réforme de l'orthographe de faire un inventaire aussi complet que possible de ces formes complexes et de les considérer comme candidats potentiels à figurer dans le dictionnaire de la langue.