Le droit au travail peut se définir théoriquement comme le droit qu’à tout homme de vivre en se procurant par son travail les ressources nécessaires. On peut donc considérer comme emploi tout travail apportant une ressource à la personne qui l’effectue 10 .
La définition et le contenu donné au concept de l’emploi semblent beaucoup plus adaptés aux économies développées qu’aux économies sous-développées, comme dans le cas du Cambodge. A cela, il faudrait ajouter aussi l’insuffisance et l’incapacité même du dispositif statistique de l’économie cambodgienne à évaluer correctement le nombre de personnes employées.
Ces insuffisances dans la définition et le contenu de la population qui dispose d’un emploi ont pour conséquence finale la non-comptabilisation exacte des personnes en activité 11 .
On peut citer à cet égard deux exemples significatifs :
Finalement, il ressort de ce que nous venons de dire, la non validité du concept d’emploi dans l’économie cambodgienne ainsi que l’ignorance d’un ensemble de facteurs qualitatifs qui font que le concept d’emploi, tel que défini dans le recensement général de la population en 1998, ne peut être opérationnel et s’écarte de la réalité.
Pour A.J. Sen « l’emploi apporte à une personne la considération qu’elle retire de l’accomplissement de quelque chose qui en vaut la peine. Il peut être un élément de respect de soi, ainsi d’ailleurs que du respect que vous porte autrui ». A.J. Sen, Employment, technology and developpment, Oxford, Clarendon Press, 1975 in Yahyaoui Yahya, L’emploi, les migrations rurales-urbaines et les coûts sociaux des excédents de main-d'œuvre urbaine, Thèse de doctorat, Aix Marseille, 1982, p.6.
Statistiquement parlant, on assiste donc à une sous-évaluation de la population active, sous-évaluation qui fausse toute la réalité économique du Cambodge, d’autant plus, lorsque cette sous-évaluation touche la population des « sans-travail ».