L’ambiguïté du concept de chômage :

Le chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) se définit comme l’ensemble des personnes aptes à travailler, désirant travailler, disponibles pour le faire et ne disposant pas d’un emploi 12 .

Selon, cette définition, le chômage apparaît simple à expliquer, c’est lorsque le total des emplois offerts par l’appareil de production est inférieur à la population active en quête d’emploi. Or, cette simplicité est trompeuse. Il n’est pas toujours facile de définir qui recherche un emploi et qui peut être considéré comme chômeur.

Plus fondamentalement, le chômage n’est pas une simple différence entre les emplois offerts et la demande de travail. Il existe des relations étroites entre la création d’emplois, la croissance de la population active et celle du chômage.

C’est, parfois la création de certains emplois qui entraîne le chômage; d’autres fois, c’est l’insuffisance de la population active qui incite les entreprises à des pratiques qui se retournent contre l’emploi 13 . En d’autres termes, il existe une réserve de main-d’oeuvre flottante, non stabilisée dans l’activité, sur laquelle les mouvements de la demande de travail exercent un processus d’attraction-répulsion dans et hors du marché du travail. Quant aux entreprises, elles tirent parti d’un déséquilibre accru entre nombre de candidats à l’emploi et emplois disponibles, et durcissent leurs normes de sélection, cherchant une adaptabilité immédiate de la main- d’oeuvre.

En effet, le concept de chômage tel qu’il est défini apparaît dans les pays développés à partir du moment où l’activité de l’individu ne peut pas être considérée comme suffisamment productive, non seulement en fonction du travail fourni, mais surtout en raison de son insertion dans le système productif global.

La situation du chômeur est celle d’un individu qui désire travailler, qui a besoin de travailler pour acquérir un revenu, qui est capable de travailler, mais qui ne trouve pas d’emploi en raison des caractéristiques du système économique à un moment donné.

Au Cambodge, la situation est différente. La frontière entre le domaine de l’emploi et celui du travail sans emploi est difficile à percevoir. Il n’est pas possible de parler de chômage puisqu’il existe certains petits métiers, qui en réalité sont de faux métiers (cireurs, gardiens d’automobiles, marchands ambulants,...) qui participent aux activités économiques et obtiennent une petite part du produit. Par contre, pour la société, et par référence à la conception de l’emploi moderne, ces individus se trouvent dans une situation équivalente au chômage, puisqu’ils n’apportent rien au produit total.

C’est pourquoi il est très difficile d’obtenir des statistiques significatives du chômage.

Le petit cireur de chaussures, le pousse-pousse doivent-ils être considérés comme des chômeurs ? Par référence aux critères des pays développés, sans aucun doute, puisque son apport à la production nationale est inexistant et son revenu très faible. De son point de vue par contre, mais aussi souvent du point de vue de son milieu social, il a « un métier ».

En réalité, le vrai critère de l’emploi devrait être celui d’un revenu suffisant pour assurer la survie de l’individu et de ses jeunes enfants 14 . Ce qui a conduit les chercheurs à parler de chômage déguisé.

Notes
12.

M. Penouil, (1979), Socio-économie du sous développement, édition Dalloz, p. 269.

13.

J. Mairess (1982), Emploi et chômage, Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, p52.

14.

Collectif, (1987), Tiers Mondes: Controverses et réalités, Edition Economica, p. 483.