2 – Situation économique entre 1950 et 1992

L’histoire économique du Cambodge depuis 1950 comprend trois grandes périodes :

a) – 1950-1970 : De l’indépendance au coup d’Etat anti-royaliste à la guerre

La période entre 1950 et 1970 est une période de prospérité pour le Cambodge après l’indépendance jusqu’au coup d’Etat anti-royaliste. Le pays a connu une courte phase de reconstruction et de développement suite à la stabilité politique. Le PNB global quintuple, le PNB par habitant triple 20 . Au niveau des indicateurs sectoriels, la part du secteur primaire dans le PNB a régressé de plus de 50% à un gros tiers, bien que, en volume, la riziculture ait doublé, l’hévéa triplé et les productions complémentaires fortement augmenté. Le secteur secondaire est passé de 11 à 20% du PNB, tandis que le secteur tertiaire est resté stable aux alentours de 27%. La taille de l’administration est passée de 10 à 15%. Le commerce extérieur a triplé, bien que son volume par rapport au PNB ait diminué. Le déficit commercial tend à se réduire ; les exportations restent dominées par le riz ; les importations passent des biens de consommation aux biens d’équipement et de production 21 .

Début d’industrialisation ponctuelle bientôt suivi par des nationalisations (janvier 1964 : nationalisation des banques, des assurances et de tout le secteur import-export) dont le résultat est de «donner à la classe administrative irresponsable issue de la colonisation le moyen idéal de détourner une grosse part du revenu national» 22 .

L’origine de la crise qui a mené au coup d’Etat de 1970 et à la guerre n’est donc pas d’ordre économique, mais bien d’ordre socioculturel.

Notes
20.

Jacques Népote et Marie-Sybille de Vienne (1993), Cambodge, laboratoire d’une crise : Bilan économique et prospective, Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Modernes, page 21. Les données économiques ne sont pas disponibles dans cette étude.

21.

Selon Jacques Népot et Marie-Sybille de Vienne, 1993, page 22.

22.

Forest Alain (1993), Le Cambodge et la colonisation française, Harmattan, page 492.