I – Croissance du PIB par secteur

L’agriculture joue un rôle central dans le développement de l’économie du Cambodge, parce que plus de 70% de la population active du pays tirent leur subsistance du sol et le secteur continue à faire plus de 35% du PIB. Elle est dominée par la culture du riz et l’élevage qui, ensemble, représentent environ un tiers de la population agricole et près de 27% du PIB. Les pêcheries et l’exploitation forestière n’assurent encore que 5% du PIB, mais les perspectives de croissance semblent bonnes 40 . En 2000 et en 2002 le secteur primaire a subi les contrecoups de la forte baisse du sous secteur de l’agriculture (0,4% de croissance en moyenne en 1999-2002) du fait notamment des inondations et du déficit pluviométrique, après avoir enregistré de fortes hausses au cours des cinq années précédentes, 1994-98. Les intempéries naturelles, quasi généralisées, s’est traduit par une chute de la production du riz (2,5% en 1999-2002 contre 4,6% en 1999-2003) et du cheptel, le sous secteur de l’élevage a connu une croissance moyenne annuelle de 0,6%. Cependant, des mesures ont été prises afin de rétablir les effectifs du cheptel 41 . Les années 2000-2002 ont vu une reprise de la production agricole. En 2002, le taux annuelle moyen de progression de l’agriculture a atteint 3,9%, ce qui contribue dans la part du PIB de 32,33% en 2003 et une légère baisse pour atteindre à 30% en 2004.

Le secteur des services a été le plus dynamique. En 1999, la part des services dans le PIB total a continué d’augmenter (Tableau 2). Les services accompagnent la dynamique imprimée au Cambodge depuis 1993. Toutes les branches évoluent fortement. Toutefois, la part du secteur dans le PIB a légèrement baissé de 39% en 1993 à 33% en 2003. L’expansion du tourisme et de l’hôtellerie est d’une grande vigueur, sur toute la période 1994-98 (12,6%). Certes, la branche est partie d’un niveau très bas, en considération des conditions de l’époque. Les années 1997-98 ont été médiocres (-1,3% en 1998). Une bonne reprise se manifeste en 1999 (28,5%), et la croissance s’est poursuivie à un rythme soutenu pour 1999-2002 pour arriver à 36,23% de la part du PIB en 2002. Mais le secteur était le plus touché par les émeutes anti-thaï et le SARS avec une chute de -10% en 2003. Le secteur a connu une progression importante à partir de 2004 suite à la politique de réforme dans ce secteur.

En 2004, la reprise de la production industrielle a été forte (plus de 5% par rapport à 1999), mais l’industrie a moins contribué à l’augmentation du PIB que les services. L’écart important entre la croissance de la production brute et celle du PIB (moins de 1%) dans l’industrie montre la forte part des activités à faible valeur ajoutée dans l’industrie cambodgienne. Cette caractéristique affecte également le secteur des exportations, puisqu’une croissance soutenue de la valeur ajoutée exige une restructuration sectorielle importante. De plus, la spécialisation dans les produits intermédiaires et textile implique une forte dépendance à l’égard des produits d’importation (vêtement, bijoux et produits agricole en particulier) qui se traduit à son tour par un faible multiplicateur des exportations.

Figure 3 : Parts à la formation du PIB (aux prix courants en 2000)
Figure 3 : Parts à la formation du PIB (aux prix courants en 2000)

Source : Ministère de l’Economie et des Finances; Banque Nationale du Cambodge; Institut National des Statistiques/Ministère du Plan, 2006, données regroupées par auteur

Dans l’industrie, néanmoins, la dispersion du taux de croissance de la production a fortement augmenté au fil des années. Le comportement de la production dans les différents secteurs a fortement divergé. En 2001, la variabilité a été considérable, certains secteurs affichant des augmentations de la production et d’autres une baisse forte et continue. Il apparaît donc qu’au fil des années, les facteurs de redistribution affectant les différents secteurs de manière asymétrique deviennent plus importants par rapport aux chocs globaux. Ce phénomène a de lourdes conséquences sur le comportement du marché du travail car la grande variabilité des résultats d’un secteur à l’autre risque d’accroître le chômage, malgré la croissance globale de l’économie.

L’industrie continue à manifester un dynamisme remarquable, illustratif de l’ouverture du pays. Le taux d’accroissement moyen de 12,5% en 1994-98 connaît un repli important en 1998 (-2,5%), dû aux événements internes au Cambodge et à la crise financière dans la région 42 .

La croissance de l’industrie était forte pour 1999-2002 (25%). La part du secteur dans le PIB passe de 11,6% en 1993 à 17% pour 1998 et 26% pour 2003. C’est dans la branche de textile et le vêtement, près de la moitié du secteur industriel, que la croissance est la plus robuste, avec un accroissement annuel moyen de 58,5% durant les années 1994-2004 43 .

Notes
40.

Hang Chuon Naron, (2005), L’économie du Cambodge, Phnom Penh, page 147.

41.

Idem, page 149.

42.

NIS, (2005), Statistical Yearbook, Ministère des Plans, Phnom Penh, Cambodge.

43.

Idem.