III – Les lois de paupérisation

La concurrence entre les salariés (et entre capitalistes) ainsi que la pression démographique maintiennent les salaires de longue période au minimum vital : c’est la « loi d’airain des salaires », adoptée par tous les classiques.

Figure 8 : La loi d’airain des salaires
Figure 8 : La loi d’airain des salaires

Source : Muriel Maillefert (2001), L’économie du travail : concepts, débats et analyses, Jeunes Editions-STUDYRAMA

Cette thématique du salaire de subsistance se décline sous diverses formes selon les auteurs 99 (armée de réserve industrielle chez Marx, surpopulation chez Malthus), mais l’idée est la même : celle d’une impossibilité d’élévation du salaire sur longue période. La version marxiste y ajoute l’existence d’un volant permanent de chômeurs (créé par les besoins de recherche de plus value) qui contribuent à tirer vers le bas les salaires (l’armée industrielle de réserve). Ainsi, la société tend à se polariser en deux groupes sociaux, les travailleurs et les capitalistes (détenteurs des moyens de production), car les indépendants (artisans et petits paysans) font faillite et viennent grossir les rangs des salariés 100 .

La concurrence entre les capitalistes les oblige à augmenter les investissements en capital (le capital ou travail mort ne crée pas de valeur) par rapport aux investissements en travail (source de plus-value). Cela explique la loi de la baisse tendancielle du taux de profit.

Ainsi, les entreprises cherchent-elles sans cesse à augmenter la plus-value :

Il existe donc deux forces endogènes qui minent le système capitaliste : une force d’origine économique, la concurrence entre les capitalistes et une force d’origine sociale, le conflit entre les salariés et les capitalistes. Selon Marx, ce conflit doit prendre une certaine direction, et c’est là qu’il avance une philosophie de l’histoire particulière.

Marx a considéré la loi d’airain comme une aberration, et s’est brouillé avec son auteur. Il veut bien du salaire de subsistance, mais il refuse son fondement démographique. L’idée que les travailleurs ne peuvent s’empêcher de proliférer dès que leur salaire augmente lui paraissait comme une insulte à l’égard de la classe ouvrière 101 .

Notes
99.

Par exemple, pour A. Smith, les salaires s’établissent selon la loi de l’offre et de la demande en fonction d’une négociation entre les maîtres et les ouvriers. En principe, ce sont les forces économiques qui guident la détermination du salaire. Mais, en règle générale, les maîtres sont avantagés, car leur coalition est tolérée. Ponctuellement, les ouvriers peuvent espérer voir monter leur salaire lorsque les bras sont rares. Mais en longue période, les salaires s’établissent au niveau de subsistance parce que l’offre de travail est surabondante.

100.

Muriel Maillefert, (2001), L’économie du travail : concepts, débats et analyses, Jeunes Edition - STUDYRAMA.

101.

Idem.