Section 3 – L’analyse keynésienne du marché du travail

La théorie keynésienne se caractérise par l’importance qu’elle accorde à l’explication du chômage involontaire , le seul chômage véritable. Contrairement à l’optimisme candide de la théorie classique, Keynes ne croît pas que notre système économique puisse assurer automatiquement le plein emploi. Le capitalisme moderne, organisé par les marchés boursiers et financiers, lui paraît même moins apte que le capitalisme familial à permettre la convergence des anticipations. C’est pourquoi Keynes a prophétisé un développement du rôle économique de l’Etat 107 .

A l’occasion de la crise de 1929, John Meynard Keynes a formulé une critique cohérente de la théorie classique et prôné une certaine intervention de l’Etat. Pour Keynes, le plein-emploi de la population active n’est assuré que dans des conditions très particulières d’équilibre entre la consommation et l’investissement 108 . Il ne croit pas que les marchés puissent assurer durablement cet équilibre qui les dépasse. Le regard keynésien sur l’économie du travail est un peu paradoxal : la problématique keynésienne met au centre de ses préoccupations le plein emploi (donc la lutte contre le chômage) mais ne propose pas d’analyse spécifique du marché du travail : l’emploi est dérivé de la production (du PIB ou produit intérieur brut) via une fonction de production dont les termes ne sont pas nécessairement explicités 109 .

La macroéconomie keynésienne est d’abord une critique du modèle dominant de l’époque (les années trente), donc une réaction contre les postulats du modèle néoclassique. Les critiques portent sur deux points : la relation salaire réel/productivité marginale et la nature du chômage.

Notes
107.

Blinder A. S. (1988a), « The fall and rise of Keynesian economics », Economic Record, December.

108.

Keynes J.M. (1936), « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie », Edition Française Payot dans Artus et Muet (1997).

109.

Idem.