1 – Le concept d’offre de travail

Pour les économistes classiques, les discussions concernant les déterminants de la croissance de la population active, en particulier l’influence des variations des salaires réels, constituaient les thèmes majeurs de réflexion quant à l’offre de travail. A leur époque, peu d’économistes abordaient la question du montant de travail offert par une population ayant une taille donnée. Aujourd’hui, les économistes du travail considèrent que cette orientation analytique doit être inversée. L’offre de travail est définie comme le montant d’effort offert par une population ayant une taille donnée. Evidemment, cela ne signifie pas qu’il faille délaisser l’examen de la dynamique de la population ; mais il importe d’accorder une attention spécifique au processus d’offre de travail d’une population d’une importance donnée. A cet égard, l’une des composantes du travail offert est le taux de participation de la population active, c’est-à-dire le pourcentage de la population qui a ou qui recherche un emploi rémunéré. Il en résulte que les individus ayant une «offre de travail» sont ceux qui ont une activité économique ou qui sont engagés dans un processus de recherche d’emploi. En réalité, malgré la simplicité de cette définition, la mise en oeuvre du concept d’offre de travail au niveau empirique soulève quelques difficultés.

En premier lieu, la recherche empirique met en évidence une diversité de dimensions de l’offre de travail. Ainsi, certaines analyses examinent les déterminants des «taux d’emploi» en spécifiant la position des individus par rapport à leur statut sur le marché du travail, et en évoquant des «taux de participation» ; en réalité, ces derniers ne constituent qu’un aspect de l’offre de travail, la participation à une activité rémunérée. D’autres études appréhendent l’offre de travail d’une manière plus restrictive, en privilégiant les facteurs explicatifs des «taux d’activité» des individus âgés de 16 ans ou plus, qui ont eu un emploi salarié, principal ou secondaire, au cours de l’année précédente. Dans le cadre de notre analyse, l’offre de travail concerne les personnes âgées de 15 ans et plus ayant une activité économique ou engagées dans un processus de recherche d’emploi au cours de la période de référence, 1998. Il est à remarquer que dans notre analyse, l’offre de travail concerne les individus employés ou en chômage d’une manière classique.

En second lieu, la délimitation de l’offre de travail implique des choix en termes d’âge, d’activité et de période de référence. A cet égard, dans le cas de notre analyse, l’offre de travail sera centrée sur les individus de 15 ans et plus, ayant exercé une activité principale au cours de la semaine de référence, 1998. Ce choix obéit aux considérations suivantes. Tout d’abord, il apparaît que l’écart entre l’offre de travail des personnes âgées de 7 ans et plus, et celles de 15 ans et plus, est marginal ; mais, lorsque ce n’est pas le cas, il peut être opportun de prendre en compte la population active ayant au moins sept ans. De plus, la période de référence de la semaine précédente n’a aucune implication particulière, étant donné que la plupart des individus (plus de 98% 228 ) exercent leur activité depuis plus d’une année.

En troisième lieu, sur un plan pratique, le taux d’offre de travail pour une strate donnée est obtenu en rapportant l’effectif des actifs, employés, sous-employés et chômeurs, à celui de la population totale du groupe. Toutefois, on peut faire apparaître un taux d’offre potentielle de travail en prenant en compte les travailleurs de moins de 15 ans. Ainsi, les taux d’offre de travail appréhendent, à un moment donné, le degré auquel une population participe ou est prête à participer effectivement à l’activité économique en fonction des conditions du marché. Par ailleurs, il est possible de faire apparaître les taux d’emploi, c’est-à-dire, pour chaque strate, le rapport entre le nombre d’individus employés, ceux qui justifient d’une activité salariée ou à leur propre compte, et l’effectif total de la strate considérée.

Notes
228.

NIS, Recensement Général de la Population, 1998, tableau B4.