Conclusion :

En ce qui concerne l’offre de travail, notre analyse montre un taux d’offre de travail effectif très important de 58,4% pour l’ensemble des individus de 15 ans et plus. Ce taux varie avec le niveau de vie et le sexe. L’offre de travail est plus importante pour les ménages non-pauvres (67,9%) que pour les ménages pauvres (58,3%). Au sein du ménage, la propension à participer au marché du travail est plus importante pour les chefs de ménage que pour les membres secondaires du ménage. L’inactivité touche surtout les femmes. La proportion d’inactifs dans la population totale âgée plus de 15 ans est négligeable. Certaines pesanteurs sociales et le manque d’instruction entravent leur participation au marché du travail. Par conséquent, il existe une différence entre le statut d’activité des femmes et celui des hommes. En fait, certaines femmes exercent principalement leur activité dans des secteurs rémunérés ou pour leur propre compte.

En somme, en ce qui concerne l’offre de travail au Cambodge, nous distinguons les catégories de travail suivantes :

• Les salariés directs qui reproduisent leur force de travail à travers la vente relativement stable et continue de cette force de travail ; il s’agit d’une soumission réelle du travail au capital ;
• Les salariés occasionnels caractérisés par une faible sécurité d’emploi et de revenu (vente occasionnelle de la force de travail, etc.), une faiblesse des rémunérations et l’absence de qualification. Ils forment un surplus très mobile évoluant entre le travail indépendant et le travail salarié, et facilitent l’accumulation capitaliste ;
• Le salariat déguisé traduit un processus de transition de l’autonomie relative du travailleur indépendant à une position plus subordonnée de quasi-salarié. Celui-ci évolue dans des processus de travail qui semblent être en partie une forme subordonnée de production au mode de production capitaliste, mais qui lui sont réellement plus intégrés à travers des relations élargies (sous-traitance, travail à domicile) engendrant un processus de prolétarisation par soumission officielle du capital au travail ;
• Les petits producteurs marchands reproduisent leur force de travail largement par une production directe relativement autonome. Toutefois, ils sont membres de la force de travail, exercent leur emploi dans des formes de production subordonnées coexistant avec le mode capitaliste, et sont dominés à travers des liens en amont et en aval ; leur fonctionnalité est directe (abaissement des salaires des grandes entreprises facilitant l’accumulation du capital) et indirecte (production en grandes quantités de biens pour les masses urbaines) ;
• Le lumpenprolétariat englobe tous ceux qui n’ont pu vendre leur force de travail, les parasitaires vivant auprès de leurs parents, de leurs propres classes, ou d’autres groupes, et qui trouvent des voies diverses pour reproduire leur propre force de travail (travail intermittent, parasitisme familial, criminalité etc.). Les liens avec le capital existent mais ils sont faibles ;
• le travail salarié protégé par des contrats de travail, des contraintes légales et des barrières à l’entrée inhérente au marché ;
• le travail salarié, régulier et concurrentiel exposé aux forces du marché, mais réalisé de manière continue et probablement avec des contrats de travail ;
• le travail salarié non protégé, relativement hétérogène (travail occasionnel, travail salarié dans le petit commerce etc.) caractérisé par l’insécurité et/ou l’irrégularité ;
• le travail pour son propre compte et le travail familial des petites unités de production ;
• les activités «marginales» qui sont avant tout des activités faiblement productives de la rue ou des activités semi-légales ou illégales.

Le point suivant fait l’objet d’une analyse des caractéristiques de la demande de travail. Nous explicitons ces caractéristiques en nous appuyant sur les critères des secteurs d’activité.