2 – Le secteur privé formel

Situé devant le secteur public, le secteur privé formel présente le plus fort taux de salarisation, (82,8%) (voir le tableau 21). Mais, à bien des égards, il se différencie de l’idée qu’on peut se faire d’un secteur moderne et fortement concentré que l’on rencontre dans les pays développés. Ainsi, les actifs occupés de ce secteur sont aussi nombreux dans les entreprises de moins de 10 personnes que dans celles de plus de 100 personnes, à savoir environ 30% des emplois. En fait 17,2% des emplois privés formels se trouvent dans des unités d’effectif inférieur à 6 personnes. Dans certaines villes du Cambodge, les entreprises de petite taille sont relativement plus importantes en termes d’emplois que les établissements de grande taille. Ainsi au Cambodge, la majorité des emplois privés formels, soit 73,2%, sont exercés dans des établissements employant au plus 20 personnes. En termes de caractéristiques de la main d’œuvre, la moyenne d’âge (30,6 ans) est nettement plus faible que dans le secteur public (40,3 ans) 235 . Après ceux du secteur public, les employés du secteur privé formel sont les mieux formés, avec 9,2 années d’études scolaires 236 réussies en moyenne, même si on constate de forts écarts entre les villes.

Figure 26: Emplois par secteur, hors agricole
Figure 26: Emplois par secteur, hors agricole

Nous observons par ailleurs que les créations d’emploi dans le secteur formel ont été importantes au milieu des années 1990 grâce à l’implantation d’une industrie de la confection qui est montée en puissance en 5 années, avec 3,25 % des emplois salariés. Depuis cette branche n’a pas accru considérablement ses effectifs. Son expansion semble s’être arrêtée pour plusieurs raisons :

  • Le Cambodge bénéficie de quotas qui lui permettent d’exporter en franchise de droits de douane un certain volume de produits de la confection vers l’Union Européenne ou les Etats-Unis. Ces quotas sont limités et distribués aux entreprises selon des critères définis et vaguement respectés qui reposent principalement sur le respect de règles sociales et de conditions de travail décentes pour les salariés.
  • Le Cambodge attire assez peu les investissements étrangers : l’absence de cadre juridique, un manque de stabilité politique, une culture syndicale forte en reconstruction, des salaires assez bas, mais pas plus avantageux que dans d’autres pays offrant un environnement globalement plus favorable.

Les marchés intérieurs n’offrent pas de perspective de développement qui pourrait encourager l’implantation d’unités modernes de production. Seuls les services auprès des entreprises (publicité, audit, conseils, assurance, logistique et transports, etc.) ont jusqu’à présent intéressé les grands groupes étrangers et leur part dans les emplois offerts représente environ 12% des emplois rémunérés.

Il est évident que jusqu’à présent, les cambodgiens ont connu des difficultés à assurer en premier lieu leurs besoins alimentaires. L’essentiel des activités étaient agricoles et quelques petits commerces vivotaient. Dans les années 90, grâce à l’aide internationale, une partie de la population a bénéficié d’une augmentation du pouvoir d’achat (principalement les fonctionnaires et les militaires), les échanges avec la Thaïlande et le Viêtnam se sont organisés plus ou moins légalement, certains trafics comme l’exploitation massive des forêts ont prospéré. C’est ainsi qu’une nouvelle demande de biens et services a émergé. Disposant de nouveaux revenus, les ménages se sont organisés de manière informelle pour répondre aux nouveaux besoins exprimés. La reconstruction du pays a relancé tout le secteur de la construction, le développement du commerce a nécessité de nouveaux moyens de transport pour l’acheminement des marchandises vers les villes. Progressivement de nouvelles entreprises se sont implantées, principalement dans les services.

Notes
235.

Idem, tableau 4, page 26.

236.

Idem, tableau 5, page 35.