1 – Durée journalière et hebdomadaire du travail et salaire minimum :

La redéfinition des règles de fonctionnement du marché du travail a également porté sur la durée légale du temps de travail. Depuis 1997, celle-ci était fixée au Cambodge à 48 heures par semaine 240 .

Il est important de noter que les réglementations de la durée de travail au Cambodge ne s’appliquent pas aux entreprises familiales ou de petites dimensions produisant pour le marché local et n’employant pas régulièrement des travailleurs salariés.

Dans l’article 194, la durée normale du travail effectif des travailleurs des plantations 241 est fixée à huit heures par jour ou quarante-huit heures par semaine. Elle pourra, dans la limite de quarante-huit heures par semaine, aller jusqu’à neuf heures par jour pour certaines catégories de travailleurs.

Les réglementations de la durée de travail sont bien précisées dans le code du travail du Cambodge, pourtant leurs applications restent encore jusqu’à aujourd’hui très critiquées. Etant donné que le secteur formel ne représente que 42% (voir le tableau 14) de l’activité économique, et que le code du travail ne s’applique qu’aux entreprises du secteur formel, le marché du travail cambodgien n’est que partiellement réglementé en terme de durée de travail. Les travailleurs à leur propre compte, les travailleurs familiaux non rémunérés, et les autres activités marginales ne sont donc pas concernés par ces réglementations.

On traite traditionnellement le marché du travail comme un autre marché, où les salaires (le prix du travail) s’équilibrent pour réaliser l’égalité entre l’offre et la demande. Le salaire minimum devient ainsi une réglementation du marché du travail.

Sans une précision chiffrée, l’article 104 du Code du travail souligne que le salaire doit être au moins égal au salaire minimum garanti, c’est à dire assurant à tout travailleur un niveau de vie décent compatible avec la dignité humaine. A conditions égales de travail, de qualifications professionnelles et de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs soumis à la présente loi quels que soient leur origine, leur sexe et leur âge. Dans l’Article 107, le salaire minimum garanti est établi sans distinction de professions ou d’emplois. Il peut varier suivant les régions, selon les caractéristiques économiques qui concourent à la détermination des conditions de vie.

Le salaire minimum garanti est fixé par Prakas (dispositif) du Ministère chargé du travail, après avis de la commission consultative du travail. Il est ajusté de temps à autre en fonction de l’évolution des conditions économiques et du coût de la vie. Les éléments à prendre en considération pour déterminer le niveau du salaire minimum, comprendront autant que possible :

  • les besoins des travailleurs et de leur famille, eu égard au niveau général des salaires dans le pays, au coût de la vie, aux prestations de sécurité sociale et aux niveaux de vie comparés d’autres groupes sociaux;
  • les facteurs d’ordre économique, y compris les exigences du développement économique, la productivité et l’intérêt qu’il y a à atteindre et à maintenir un haut niveau d’emploi.

Les réglementations sur le salaire minimum ne sont pas en mesure d’être appliquées. Le marché du travail cambodgien fonctionne en effet sans l’intervention de ces réglementations.

De nombreux pays ont introduit un salaire minimum depuis de nombreuses années, essentiellement dans le but de mettre les jeunes à l’abri de l’exploitation. Mais, au Cambodge, la situation est inquiétante. On ne peut pas, étant donné la situation actuelle, mettre en place un système de salaire minimum sur le marché du travail pour les raisons suivantes :

  • Au Cambodge, le taux de scolarisation est encore faible et la pauvreté endémique ; les jeunes ne peuvent construire leur capital humain que par la formation « sur le tas » et se voient donc contraints d’accepter n’importe quel emploi. Dans ce contexte, si le salaire minimum était en mesure d’application, le marché du travail cambodgien deviendrait très rigide en terme de salaire et beaucoup de jeunes resteraient sans emploi.
  • Il est évident que certains employeurs peu scrupuleux profitent de la situation de pauvreté au Cambodge pour n’offrir aux travailleurs que des salaires extrêmement réduits, parfois même insuffisants pour assurer le minimum vital. Mais, si une protection reste totalement justifiée, l’imposition d’un salaire minimum, paradoxalement, peut provoquer du chômage parmi les jeunes. Les entreprises refusent d’engager ceux d’entre eux dont la PML (Productivité Marginale du Travail) est inférieure au salaire minimum. Il peut en aller de même pour les travailleurs plus âgés dont les compétences sont techniquement dépassées.
  • Un autre effet pervers du salaire minimum vient de ce qu’il sert souvent de plancher à l’ensemble de la hiérarchie des revenus. Ce n’est donc pas uniquement au niveau le plus bas que les salaires peuvent excéder la PML.

Notes
240.

Dans les établissements de quelque nature qu’ils soient même s’ils ont un caractère d’enseignement professionnel ou de bienfaisance ainsi que dans les professions libérales, la durée du travail effectif des travailleurs de l’un ou l’autre sexe ne peut excéder huit heures par jour, soit quarante-huit heures par semaine (article 192 du CRAM du 13 mars 1997 portant code du travail).

241.

Article 193, du CRAM du 13 mars 1997 : le terme « plantation » comprend toute exploitation agricole qui emploie régulièrement des travailleurs salariés et où sont principalement cultivés ou produits à des fins commerciales : le café, le thé, la canne à sucre, le caoutchouc, les bananes, les noix de coco, les arachides, le tabac, les agrumes, l'huile de palme, le quinquina ou les ananas, le poivre, le coton, le jute et autres plantations industrielles.