Le syndicat est un élément institutionnel important du marché du travail. Les syndicats et les représentations patronales constituent l’une des composantes les plus fondamentales et omniprésentes des économies modernes.
Sur le marché du travail, la relation entre employeurs et travailleurs est conflictuelle : les uns et les autres se disputent le revenu global. Théoriquement, le principe directeur de la répartition devrait être la productivité marginale. Mais comment mesurer celle-ci avec précision ? Comment les entreprises peuvent-elles mesurer l’intensité de l’effort de travail de chaque travailleur, qui constitue pourtant un élément clé de la productivité ? Une réponse possible à ces questions est d’offrir des salaires plus élevés que la PML. Une autre méthode consiste à exiger toujours davantage des travailleurs. C’est pour résister à cette pression que ceux-ci se sont fédérés en syndicats 246 .
Au Cambodge, les syndicats sont presque totalement liés aux partis politiques. Le code du travail cambodgien permet à tout travailleur et à tout employeur, quels que soient son sexe, son âge ou sa nationalité, d’adhérer librement au syndicat professionnel de son choix 247 .
Même si le code du travail cambodgien donne la liberté aux travailleurs comme aux employeurs de former leurs organisations représentatives, les organisations syndicales sont guère existantes. La syndicalisation n’existe que dans l’industrie de la confection textile.
Pays encore rural, le Cambodge connaît depuis sept ans un boom dans l’industrie du textile et du cuir avec la création de 240 usines qui emploient plus de 120 000 salariés, en majorité des jeunes femmes. S’il reste loin derrière les Dragons d’Asie, le Cambodge attire tout de même les investisseurs, intéressés par les quotas d’exportation accordés par les États-Unis et l’Europe au titre du Système de préférences généralisées (instrument qui promeut le respect des normes sociales par un abaissement des droits d’entrée aux produits d’exportation).
Avec 40 dollars des Etats-Unis de salaire mensuel (soit moins de 5 centimes de dollar de l’heure!), les ouvrières du textile font figure de privilégiées par rapport à une population qui vit à la campagne de ses maigres récoltes de riz, ou qui, à Phnom Penh, survit de petits boulots. Pour améliorer leurs revenus, ces jeunes filles acceptent des heures supplémentaires et travaillent souvent sept jours sur sept. Elles vivent dans des dortoirs précaires et une partie de leur salaire est destinée à subvenir aux besoins de leurs familles.
Dans un tel contexte, il n’est guère surprenant que les grèves éclatent. Ces grèves résultent plus d’un ras-le-bol des conditions de travail que des salaires : absence de climatisation, d’eau potable, de cantine, non-respect des pauses, retards de paiement, etc. Fer de lance du syndicalisme cambodgien, le FTUWKC (Syndicat libre des ouvriers du royaume du Cambodge) est présent dans 66 des 240 usines. Une convention collective a bien été signée mais « les employeurs ne la respectent pas et les inspecteurs du travail sont souvent corrompus » 248 .
BURDA Michael et WYPLOSZ, (1993) « Macroéconomie : une perspective européenne », De Boeck – Wesmeael S.A, page 118.
Article 266 : Les travailleurs et les employeurs, sans distinction d’aucune sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des organisations professionnelles de leur choix, ayant exclusivement pour objet, l’étude, la promotion et la défense des droits, ainsi que des intérêts moraux et matériels, tant collectifs qu’individuels, des personnes visées par leurs statuts.
Les organisations professionnelles de travailleurs sont appelées « syndicats de travailleurs ».
Les organisations professionnelles d’employeurs sont appelées « associations d’employeurs ».
Aux fins du présent code il est interdit de constituer des syndicats ou des associations regroupant à la fois des employeurs et des travailleurs salariés.
Article 267 : Les syndicats de travailleurs et associations d’employeurs ont le droit :
d’élaborer leurs statuts et règlements administratifs, sous réserve qu’ils ne soient pas contraires aux lois en vigueur et à l’ordre public ;
d’élire librement leurs représentants ;
de formuler leur programme d’action.
Article 271 : Tout travailleur quels que soient son sexe, son âge, sa nationalité, peut librement adhérer au syndicat professionnel de son choix.
Article 273 : La liberté syndicale des individus est aussi celle de ne pas adhérer à un syndicat de travailleurs ou à une association d’employeurs ou de se retirer à tout moment des organisations auxquelles ils ont adhéré.
En dehors de l’industrie de la confection textile, les activités syndicales n’existent pas.