5 – Les accidents de travail et l’emploi de la main-d’œuvre étrangère

Tout travail professionnel peut occasionner des accidents au salarié. Ce sont là des circonstances imprévisibles dont il faut aussi tenir compte pour procurer certaines garanties aux travailleurs. Ainsi l’article 250 du code précise que les chefs d’entreprise sont responsables des accidents survenus par le fait ou à l’occasion du travail à leur salarié. De ce fait, le chef d’entreprise doit prendre ou faire prendre toute mesure opportune pour la prévention des accidents du travail.

En cas d’accident du travail entraînant une incapacité temporaire ou permanente ou entraînant un décès, l’employeur est tenu de verser une indemnité réparatrice au profit de la victime ou aux ayants droits. Pour faciliter cette tâche, on envisage d’instituer un régime d’assurance obligatoire d’accidents du travail (art.250). La gestion de ce régime est assurée par la Caisse Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales (C.I.C.A.F.).

La législation du travail, soucieuse du sort de la main-d’œuvre nationale, a rappelé à toute entreprise de quelque nature qu’elle soit, de faire appel en priorité aux nationaux lors du recrutement du personnel (art.260). Toutefois, pour l’emploi des spécialistes indispensables à la bonne marche de l’entreprise, le pourcentage des étrangers pourra être supérieur à titre exceptionnel, aux normes fixées et cela sur autorisation du ministère du Travail. Les étrangers qui désirent exercer au Cambodge un commerce, une industrie ou un métier quelconque, sont soumis aux mêmes obligations que les nationaux, et à celle de se munir d’une carte de travailleur étranger délivrée par l’Inspection du Travail.

En somme, les réglementations du marché du travail cambodgiennes reposent essentiellement sur la recherche d’un maximum de droits et de protections pour les salariés en place.

Malheureusement, avec ces nouvelles institutions du travail mises en place, il s’avère que la situation des travailleurs ne s’améliore guère, que le taux de chômage persiste encore, que les places manquent énormément pour les jeunes et que le pays souffre énormément de la pénurie de personnel qualifié, compétent pour mieux servir les divers secteurs.

Le ministère, malgré toute sa bonne volonté et bien que doté d’un nouveau code du Travail, ne peut pas résoudre les problèmes du travail, de l’emploi et de l’Action Sociale, sous la responsabilité d’un département encore jeune, inexpérimenté et manquant de cadres compétents. De plus, la situation du pays est encore défavorable en raison de toutes sortes de difficultés.

Le ministère, en plus de ses responsabilités pour la mise en place d’une législation du travail, a un rôle vital à jouer pour l’aide aux nombreuses personnes en grande précarité.

Améliorer la compétence technique et administrative du ministère et accroître la qualité et la quantité de ses programmes d’aide, notamment pour les amputés, les orphelins et les enfants des rues, est une priorité importante du Gouvernement Royal. C’est pourquoi, pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement recherche l’aide de partenaires pour établir un centre de formation professionnelle central à Phnom Penh et quatre autres centres plus petits en province ; pour mener une enquête d’ensemble sur tout ceux qui demandent une allocation de l’Etat ; pour répondre aux besoins du ministère à l’occasion de sa mise en place.

Le ministère, avec l’accord du Gouvernement, a envisagé d’envoyer la jeunesse travailler à l’étranger, afin de trouver une solution au problème de l’emploi 250 . Selon certains spécialistes du travail, cette solution est dangereuse pour l’avenir du pays car nous allons laisser partir la force active du pays vers les pays étrangers. Le Cambodge, à peine relevé d’une longue guerre dévastatrice, a besoin de force pour se reconstruire. Si nous laissons partir la jeunesse, ce sera un suicide pour notre pays, car les peuples des pays voisins risquent de prendre leur place et nous submerger.

Le problème de chômage qui se pose actuellement pour notre pays n’est pas dû à un problème de surpeuplement comme cela se passe dans les pays voisins, ni à un manque de places sur le marché du travail. C’est un problème découlant de plusieurs phénomènes négatifs convergents. L’expérience nous montre que dans les années 1970-1971, à la suite du départ des ressortissants vietnamiens exigé par Lon Nol, le Cambodge a ressenti sérieusement la pénurie de main d’œuvre qualifiée : maçons, mécaniciens, tailleurs, cordonniers, cuisiniers etc.

Il suffit d’être objectif, pour voir clairement que le problème du chômage n’est pas causé par le manque de places ou par le sous-emploi.

Pour bâtir le Cambodge de demain, il nous faut, entre autres, accorder une place importante à la bonne application des œuvres législatives (dont le code du Travail), et développer l’industrie pour employer la main d’œuvre sortie des écoles. Mais pour que cela soit possible, l’administration devra aussi résoudre d’autres problèmes sociaux qui sont autant de sources de difficultés.

L’expérience a montré que dans un pays où l’application du droit du Travail était rendu impossible, ou était entravée par des phénomènes négatifs tels que la corruption, l’autoritarisme, ou une bureaucratie aveuglée par la fainéantise, c’est toujours le sort des travailleurs qui est mis en cause. Ceux-ci sont forcés de travailler comme des robots ou comme des bêtes de somme, moyennant un salaire de misère. Leur santé morale ou physique se trouve altérée. La force active du pays décline alors de façon irréversible.

Notes
250.

Sous-décret n°57 du 20 juillet 1995.