3 – Evolution du taux de chômage

Le taux de chômage cambodgien est passé de 5,34% en 1998 à 0,8% en 2004. Le taux de chômage des femmes est plus élevé à Phonm Penh que dans les autres zones urbaines, mais reste inférieur au taux de chômage féminin en milieu rural ; il atteint 3,8% en milieu rural, 1,4% à Phnom Penh et 0,5% dans les autres zones urbaines (NIS, Statistical Yearbook 2005, page 58).

Le chômage des jeunes, en règle générale plus important chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes, représente environ 60% du chômage total. Ce sont en milieux ruraux où ont été enregistrés dans ces dernières années les plus forts taux de chômage chez les jeunes et pour l’ensemble de la population active. Les contraintes économiques, les difficultés structurelles et les programmes d’ajustement ont entraîné une aggravation des problèmes de sous-emploi pour la jeunesse, malgré la notable élévation du niveau de formation (NIS, Statistical Yearbook 2005, page 58).

Nous voulons ici insister sur le fait que les faibles taux de chômage apparus dans le tableau 46 ont été calculés à partir des données officielles du gouvernement. Ce très faible taux de chômage (presque nul), ou autrement dit l’abondance d’emplois dans l’économie ne peuvent pas être interprétés comme une situation favorable sur le marché du travail. La réalité nous montre que la situation du chômage au Cambodge est beaucoup plus grave que ne le laissaient croire les autorités cambodgiennes, dans la mesure où une très grande partie de la population active occupée détient un emploi sans rémunération. Il y a aussi la pauvreté où le sous-emploi, la faiblesse de la productivité et l’insuffisance des revenus du travail qui maintiennent d’innombrables travailleurs dans l’impossibilité d’acquérir des moyens d’existence décents et qui ne peuvent pourvoir à leurs besoins fondamentaux et à ceux de leur famille. La proportion des travailleurs pauvres est importante, de 40 à 60 % des travailleurs ayant un emploi (selon notre estimation). Beaucoup ont une activité irrégulière : emplois informels dans les villes, travail saisonnier dans l’agriculture, emploi dans le commerce de la rue…etc. Ces travailleurs se trouvent dans une situation précaire, sans protection sociale, travaillent dans des conditions souvent dangereuses ou insalubres, sont peu rémunérés voire sans rémunération. Ils devraient être ainsi intégrés dans les statistiques du chômage ou du sous-emploi.

Selon les estimations faites par NIS lui-même, de 5 à 10% seulement des nouveaux travailleurs en quête d’emploi peuvent être absorbés par l’économie formelle. C’est essentiellement dans l’économie informelle que s’offrent des possibilités de travail. Des enquêtes effectuées en 2004 (NIS, CSES, 2004) montrent que les activités informelles étaient de loin la principale source d’emplois dans les villes. Plus de 60% des travailleurs en milieu urbain étaient employés dans des activités informelles. La proportion des femmes y est particulièrement importante, celles-ci se concentrant souvent aux niveaux inférieurs d’emploi.

En effet, à côté du chômage, le Cambodge connaît un problème aussi grave sinon plus, un vaste sous-emploi dans des activités peu productives et peu rémunératrices. Dans le pays, la pauvreté résulte moins de l’absence de travail que de l’insuffisance du revenu que le travail procure, que ce soit dans l’agriculture et le secteur rural ou dans les activités informelles. Il est indispensable d’améliorer la productivité pour assurer une progression régulière des revenus réels qui entraînera elle-même une augmentation de la demande et stimulera l’activité, en autorisant une politique de croissance. Facteur de développement des entreprises, l’amélioration de la productivité conduit à la création de nouveaux emplois. C’est aussi le moyen d’améliorer parallèlement la qualité des biens produits et de renforcer la compétitivité internationale des entreprises. Nous allons montrer dans le point suivant que la plupart des emplois au Cambodge sont des emplois peu productifs.