1) – Les politiques actives du marché du travail et de l’emploi

On accorde depuis quelques années de plus en plus d’intérêt à ce que l’on appelle les politiques actives du marché du travail pour lutter contre le chômage persistant qui sévit en Europe occidentale. Ce n’est guère surprenant compte tenu du désenchantement suscité par les actions plus globales : d’un côté, les mesures plus traditionnelles de stimulation de la demande risquent d’avoir surtout pour effet d’aggraver l’inflation sans améliorer sensiblement l’emploi ; de l’autre, les réformes structurelles axées sur l’offre et destinées à supprimer les diverses rigidités du marché du travail ont, soit été difficiles à mettre en œuvre, soit semblées lentes à produire leurs effets. Dans ces conditions, nombreux sont ceux qui considèrent les politiques actives du marché du travail comme le deus ex machina qui permettra de résoudre le problème du chômage.

Il existe de nombreuses interprétations du concept de politique active du marché du travail. Nous le comprendrons ici dans une acception étroite en le définissant comme un ensemble de mesures destinées à améliorer le fonctionnement du marché du travail et axé sur les chômeurs. Au sein de cet ensemble, nous distinguerons trois principaux types d’action : (i) les mesures qui ont pour objectif de faire mieux coïncider l’offre et la demande sur le marché du travail; (ii) la formation organisée dans le cadre du marché du travail et qui est destinée à améliorer et à adapter les compétences des demandeurs d’emploi; et (iii) la création directe d’emplois, qui peut revêtir la forme soit d’offres d’emplois dans la fonction publique, soit d’aides à l’embauche dans le secteur privé.

Le but des politiques actives de l’emploi consiste à obtenir une croissance plus riche en emplois. Les moyens retenus pour les démarches de ces politiques peuvent être cités de la manière suivante :

  • inciter les entreprises à embaucher (primes à l’embauche de jeunes par exemple ou réduction du coût du travail par allégement ou exonération de cotisations sociales),
  • créer des emplois dans le secteur public (embauche de fonctionnaires par exemple),
  • aider les chômeurs à créer leur propre entreprise,
  • aider à la création d’emplois dans le secteur non marchand par un financement public (les Contrats Emplois Solidarité par exemple, en France),
  • améliorer le fonctionnement du marché du travail par une meilleure communication entre les offres et les demandes d’emplois, par des conseils donnés aux chômeurs..,
  • favoriser la formation professionnelle, afin que la main d’œuvre puisse s’adapter aux changements technologiques (recyclage, stages, etc.…),
  • introduire une plus grande flexibilité sur le marché du travail (suppression de l’autorisation administrative de licenciements en France, lutte contre le pouvoir des syndicats en Grande Bretagne…).

L’explication classique ou néoclassique du chômage souligne la responsabilité des imperfections des marchés dans l’évolution du chômage. Ces imperfections se traduisent par des salaires excessivement élevés et, plus généralement, par des rigidités qui empêchent l’ajustement des marchés.

Dans un contexte de croissance à la fois faible et pauvre en emplois, les solutions au chômage ont été recherchées dans des fonctionnements différents du marché du travail. Mais à cet égard, les débats sont aussi vifs qu’à propos des stratégies de croissance. Pour les uns, c’est le coût du travail et les rigidités de la relation salariale qu’il convient de réduire pour que l’offre et la demande de travail puissent s’ajuster. Pour les autres, c’est par des procédures réglementaires telles que la réduction du temps de travail que l’on parviendra à créer des emplois.