II – La politique du marché du travail en faveur des groupes vulnérables

Les groupes vulnérables se retrouvent pour la plupart dans les catégories sociales suivantes : les enfants, les femmes, les handicapés, les personnes âgées et les jeunes. Leur basculement dans la pauvreté crée des conditions de vulnérabilité inversement proportionnelles à leur capacité à se défendre et à réagir. C’est pour cette raison que la protection des groupes vulnérables constitue l’axe principal de la stratégie du gouvernement. Ainsi, des programmes ad hoc seront mis en œuvre pour réduire les facteurs d’exclusion sociale, notamment en faveur des populations pauvres dont les capacité d’action sont affectées par le statut social (genre), l’âge, les handicaps physiques ou les conjonctures particulières (victimes de mines, des inondations ou des conflits sociaux et politiques), afin que ces groupes aient les mêmes chances et potentiels que les autres acteurs pour bénéficier des opportunités économiques de création de richesse et d’accès aux servies sociaux.

Un des enjeux principaux de la lutte contre la pauvreté est la nécessité de toucher toute la population cambodgienne ciblée en répondant à ses besoins spécifiques. Pour assurer l’efficacité et la durabilité des interventions, un autre axe de la stratégie portera sur la mise en œuvre d’une démarche participative et décentralisée de pilotage, d’exécution et de suivi, l’évaluation des programmes garantissant toute la célérité et la transparence nécessaires à l’appropriation mais aussi assurant la cohérence avec les programmes sectoriels et les initiatives locales en cours ou planifiées.

Articulée autour de ces axes, la stratégie de réduction de la pauvreté revient à :

  1. promouvoir les opportunités de création de richesse au Cambodge ;
  2. organiser l’égalité des chances dans la concrétisation de ces opportunités, notamment à travers le renforcement des capacités des populations pauvres et
  3. assurer la protection des groupes vulnérables. En appui aux politiques et stratégies qui seront mises en application suivant ces différents axes, il sera recherché une meilleure maîtrise des tendances démographiques défavorables, conformément à la Déclaration de Politique de Population renouvelée en 2003. De même, la culture de la paix, de la tolérance et de la solidarité doit demeurer une valeur cardinale de la société cambodgienne afin de prévenir l’exclusion et la marginalisation des minorités au sien de chaque communauté de base.

Dans cette optique, la conception, l’exécution et le suivi-évaluation des programmes seront basés sur une approche transversale qui reconnaît et part des spécificités de genre en vue d’améliorer l’impact des interventions et d’assurer l’équité. La prise en compte des différents rôles des hommes et des femmes, les disparités entre sexes en ce qui concerne le contrôle et l’accès aux ressources, ainsi que les différences qui en résultent au niveau des contraintes, besoins et priorités serviront de principe d’orientation à toutes les composantes des stratégies retenues.

Pour alléger les souffrances des populations démunies et favoriser l’intégration sociale des catégories et sous-groupes marginalisés et vulnérables, la politique de l’Etat vise à :

  1. améliorer le statut social des groupes vulnérables et marginalisés ;
  2. faciliter l’accès de populations démunies aux services sociaux, infrastructures et équipements de base ;
  3. mettre en œuvre des programmes de création de richesse adaptés à la situation de ces groupes cibles, notamment à travers la microfinance et
  4. promouvoir le développement communautaire.

Pour atteindre ces objectifs, l’Etat s’est attaché à :

  1. consolider et renforcer les programmes et projets d’investissement social ;
  2. mettre en place un système de suivi de l’impact des projets auprès des communautés de base ;
  3. renforcer les capacités des organisations communautaires dans l’identification, la mise en priorité et l’exécution de leurs projets.

Pour la promotion et la protection des enfants, la politique de l’Etat vise à :

  1. assurer une couverture socio-sanitaire et nutritionnelle adéquate aux enfants de familles vulnérables ;
  2. scolariser et former les enfants en âge scolaire et non pris en charge ;
  3. protéger et promouvoir les enfants en situation de risque et en conflit avec la loi ; et
  4. développer une stratégie de prise en charge des enfants en milieu semi ouvertHANG Chuon Naron, (2005), « L’économie du Cambodge », Phnom Penh, Cambodge, page 80..

Cette démarche est sous-tendue par :

  1. l’amélioration continue du fonctionnement du système de soins de santé primaire et la capacité du système à prendre en compte les enfants des populations pauvres et exclues par la recherche de médicaments de qualité à bas prix, une plus grande ouverture de l’accès aux structures de santé ;
  2. la promotion de l’éducation pour la santé de la mère et de l’enfant et
  3. la pérennisation des résultats satisfaisants des programmes nationaux de santé tels que le Programme Elargi de Vaccination (PEV) et le Programme National de Nutrition (PNN).

L’Etat poursuivra les réformes juridiques et réglementaires déjà entamées dans la ligne des principes affirmés dans le programme politique qui reconnaît de manière explicite les droits des femmes notamment ceux liés à l’accès aux terres. Afin de traduire tous ces programmes juridiques dans les faits et rendre ces droits effectifs, des dispositions ont été prises pour :

  1. approfondir les droits des femmes par la sensibilisation de toutes les populations, la vulgarisation des textes etc. ;
  2. améliorer la situation économique et sociale des femmes par la mise en place d’infrastructures d’allégement des travaux domestiques, la mise à la disposition des femmes rurales de technologies et équipement appropriés pour la transformation et la conservation des produits, (afin que les femmes puissent consacrer davantage de temps aux activités productives) et la mise en place de fonds de promotion économique et de soutien aux activités des femmes ;
  3. renforcer la capacité des femmes à réduire leur vulnérabilité par des mesures spécifiques dans le cadre des programmes sectoriels de l’éducation et de la santé ;
  4. améliorer l’accès et le séjour des filles dans tous les niveaux d’enseignement et promouvoir l’enseignement professionnel pour les femmes et (v) promouvoir l’amélioration de la situation de santé des femmes, des filles et des enfants.

S’agissant des handicapés, les actions de l’Etat visent à :

  1. mettre en place un programme national de réadaptation à base communautaire en leur faveur ;
  2. améliorer leur situation économique et sociale et lutter contre les préjugés dont ils sont victimes ;
  3. améliorer l’état sanitaire et la mobilité des personnes handicapées ;
  4. promouvoir l’éducation et la formation des personnes handicapées et
  5. améliorer leur situation économique et sociale.

Pour améliorer les conditions de vie des jeunes, l’Etat s’est attaché à :

  1. renforcer la formation professionnelle ;
  2. coopérer avec les ONG pour améliorer les conditions des enfants de la rue et
  3. développer des programmes de prise en charge des jeunes toxicomanes.

De façon plus générale, pour tous ces groupes susmentionnés, l’Etat s’est attaché à encourager et renforcer les filets de sécurité sociale formels et informels en facilitant notamment l’accès aux organismes d’assurance sociale, en encourageant la création de mutuelles de santé et d’autres structures de solidarité civile et sociale 268 .

Il convient enfin de préciser que toutes les actions précitées en faveur des groupes vulnérables peuvent être davantage renforcées avec l’appui des partenaires au développement, en cas de chocs exogènes suffisamment forts qui remettraient en cause les projection macroéconomiques.

Notes
268.

HANG Chuon Naron, (2005), « L’économie du Cambodge », Phnom Penh, Cambodge, page 80.